Jeux et flamme olympiques : le passé troublant de Pierre de Coubertin
La face cachée du "père des jeux modernes"
Alors que la flamme olympique traverse la France dans une liesse médiatique, il est essentiel de jeter un regard critique sur l'héritage controversé du "père des Jeux Olympiques modernes", Pierre de Coubertin. À l'approche des Jeux à Paris cet été, confronter l'histoire de ce personnage avec nos valeurs contemporaines est un devoir de lucidité que les élus, qui ont financé avec l’argent public le relais de la flamme olympique à travers de nombreux départements, auraient peut-être dû prendre en compte.
Héritage controversé
Longtemps célébré pour avoir contribué à la renaissance des Jeux en 1896, Pierre de Coubertin apparaît aujourd'hui sous un jour bien plus sombre. Une récente biographie d'Aymeric Mantoux (lire ici) révèle l'imprégnation de cet aristocrate par des valeurs réactionnaires, racistes et colonialistes. Ses écrits regorgent de propos misogynes plus que choquants.
Sa complaisance envers le régime nazi est également accablante. Dans une lettre à Adolf Hitler, il exprime son "profond dévouement" au Führer, entretenant des liens étroits avec ce régime criminel.
Cette révélation jette une tache indélébile sur l'héritage olympique moderne.
Le mythe de la Flamme Olympique
Au-delà de la figure de Pierre de Coubertin, la symbolique même de la flamme olympique soulève des questions. Loin d'être une tradition ancestrale, son allumage a été introduit lors des Jeux de Berlin en 1936, à l'initiative du régime nazi, dans un but de propagande avéré. Cet aspect illustre comment certains éléments clés du mouvement olympique relèvent en réalité d'inventions modernes, dénuées du lien historique généralement évoqué.
Cette remise en cause est nécessaire alors que la France s'apprête à accueillir une exposition intitulée “Coubertin : Un rêve humaniste”.
La France et son passé
Cette dichotomie entre le personnage de Coubertin tel qu'il est encore célébré aujourd'hui et la réalité historique révélée par les historiens met en lumière un problème plus vaste : la France a souvent du mal à confronter les aspects les plus dérangeants de son passé.
Faut-il se boucher le nez pour ne pas sentir certaines odeurs nauséabondes ? Ou bien affronter avec honnêteté et lucidité ces pages sombres, pour mieux se réinventer à l'aune des valeurs d'aujourd'hui ?
C'est tout l'enjeu du devoir de mémoire auquel les prochains Jeux Olympiques devraient nous confronter.