Justice à Marseille : quand les pièces à conviction jouent à cache-cache
Dans l'affaire Souheil El Khalfaoui, tué par un tir policier en 2021, des pièces à conviction cruciales ont été retrouvées dans le bureau d'un juge après avoir mystérieusement disparu.
Dans un rebondissement digne d'un épisode de Columbo, l'enquête sur la mort de Souheil El Khalfaoui, ce jeune homme de 19 ans tué par un tir policier en 2021, vient de connaître un tournant aussi surprenant qu'inquiétant.
Les "pièces capitales" du dossier, mystérieusement disparues début juin, ont été retrouvées... dans le bureau d'un juge.
Oui, vous avez bien lu : dans le bureau d'un juge.
Un scénario à faire pâlir les scénaristes de Plus belle la vie
Imaginez la scène : des pièces à conviction, dont une vidéo de surveillance, l'audition filmée du policier mis en cause et la balle qui a tué Souheil, disparaissent sans laisser de trace. Après des mois de recherches infructueuses, ces pièces réapparaissent comme par magie dans le bureau du juge d'instruction initialement saisi, Patrick De Firmas.
Coïncidence troublante, c'est ce même juge qui avait lancé les recherches de ces scellés.
La famille de Souheil, déjà éprouvée par la perte de leur fils, se dit "particulièrement inquiète du déroulement de l'instruction". Dans un communiqué, elle relève que "des recherches avaient déjà été faites dans ce même bureau". On se demande bien comment ces pièces ont pu échapper à ces recherches initiales. Un mystère de plus dans cette affaire qui en compte déjà trop.
Une justice marseillaise en roue libre
La famille de Souheil, soulagée mais toujours inquiète, se demande comment il a fallu une mobilisation nationale pour que ces scellés réapparaissent.
"Compte tenu de la désorganisation grave et manifeste de la justice Marseillaise, une inspection générale de la justice est plus que jamais nécessaire", a déclaré Me Arié Alimi, l'avocat de la famille.
Et ce n'est pas la première fois que des pièces disparaissent dans cette affaire. Les images d'une caméra de vidéosurveillance qui auraient pu filmer le tir du policier n'ont jamais été demandées au cours de l'enquête.
De quoi faire frémir les amateurs de séries policières et s'interroger sur l'efficacité de notre système judiciaire.
Un ministre de la Justice sous pression
Face à ce fiasco judiciaire, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé saisir l'Inspection générale de la justice. Une décision saluée par la famille de Souheil, qui espère enfin voir la lumière au bout du tunnel. Mais pour Issam El Khalfaoui, le père de Souheil, la méfiance reste de mise : "Darmanin calme le jeu médiatique, mais derrière, il ne se passe rien".
Une famille en quête de vérité
La famille de Souheil a organisé une conférence de presse à l'Assemblée nationale en présence d'élus et de députés de gauche. Une manière de maintenir la pression médiatique et politique sur cette affaire qui traîne depuis trop longtemps. "Nous voulons des réponses claires sur la gestion de cette enquête, des explications sur la disparition des preuves et l'absence de poursuites", a conclu Issam El Khalfaoui.
Une justice à la dérive
Cette affaire est malheureusement révélatrice des dysfonctionnements du système judiciaire français.
Entre pièces à conviction égarées, enquêtes bâclées et familles laissées dans l'incompréhension, il serait temps que la justice française se réveille et fasse son travail. Comme le dit si bien l'adage, "la justice doit non seulement être rendue, mais doit aussi être vue comme étant rendue".
Dans le cas de Souheil El Khalfaoui, on en est encore loin.
Affaire à suivre, donc, avec l'espoir que la vérité éclatera enfin et que justice sera rendue à Souheil et à sa famille.
la dégradation totale , la honte !