Vinted : solution écologique ou nouvel eldorado de la consommation ?
La plateforme de vente de vêtements d'occasion, est devenue un phénomène en France. Mais est-ce vraiment un pas en avant pour l'écologie ou un pas de côté qui nous pousse à consommer toujours plus ?
Vinted, la plateforme de vente de vêtements de seconde main née en Lituanie, est devenue un véritable mastodonte en France. Avec 23 millions d’utilisateurs, notre pays domine les transactions européennes. Une croissance fulgurante qui pourrait laisser croire que les Français ont enfin adopté une consommation plus responsable. Mais derrière cette apparente révolution écologique se cache une réalité plus ambivalente.
L'illusion écologique
Revendre ses vêtements ou les acheter d’occasion est, en théorie, une manière efficace de réduire l’empreinte carbone du secteur de la mode, responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La production textile, dopée par la fast-fashion, a explosé : entre 2000 et 2014, elle a doublé, et les projections prévoient un doublement des émissions d’ici 2050.
Dans ce contexte, le succès de Vinted devrait être une bonne nouvelle.
Pourtant, quelque chose cloche : la hausse des ventes de seconde main ne s’accompagne pas d’une baisse des achats de vêtements neufs. Au contraire, l’essor de cette plateforme semble nourrir un cercle vicieux de surconsommation.
L’effet rebond : acheter plus pour acheter plus
Vinted repose sur une mécanique simple : revendre pour mieux racheter. Si l’argument écologique est souvent avancé, la plupart des utilisateurs sont avant tout séduits par les prix attractifs.
Ce qui devait être un geste responsable se transforme alors en une machine à alimenter l’achat compulsif.
Les bénéfices tirés des ventes sont fréquemment réinvestis dans de nouveaux vêtements—parfois neufs, parfois issus des circuits de fast-fashion. C’est l’effet rebond : une solution pensée comme vertueuse génère un comportement qui accentue le problème qu’elle tente de résoudre.
La fast-fashion toujours intouchable
La fast-fashion, cette industrie du vêtement jetable, prospère toujours malgré les tentatives de régulation. La loi votée en 2024 pour en limiter les abus avait suscité beaucoup d’espoir… avant que le Sénat n’en vide une partie de sa substance.
Résultat ?
Les plateformes comme Shein et Temu continuent d’inonder le marché, encouragées par un modèle économique qui fait du neuf à bas prix une norme quasi inébranlable.
La vente en ligne : un impact sous-estimé
Autre point souvent oublié : l’empreinte carbone de la vente en ligne. Chaque colis expédié ajoute son lot de transport, d’emballages et de retours. Sur Vinted, où des millions de transactions ont lieu chaque jour, l’impact environnemental est loin d’être négligeable.
Vers une consommation plus mesurée ?
Alors, Vinted est-il une avancée ou une illusion ? Son succès montre un véritable engouement pour la seconde main, mais il soulève aussi une question capitale : achetons-nous mieux, ou simplement plus ?
Si cette plateforme veut réellement avoir un impact écologique positif, ses utilisateurs devront changer leur approche : privilégier la qualité, éviter les achats impulsifs et réfléchir à leur consommation sur le long terme. Car acheter d’occasion, c’est bien.
Acheter moins et mieux, c’est encore mieux.