Triste record : au moins 735 sans-abri, hommes et femmes, sont morts en 2023
C'est ce que révèle le 12e rapport du collectif Les Morts de la Rue publié cette semaine.
Mercredi dernier (30 octobre), le collectif Les Morts de la Rue (CMDR) a publié son douzième rapport annuel, révélant un chiffre alarmant : 735 personnes sans-abri sont mortes en France au cours de l’année 2023, un record jamais atteint depuis le début de cette veille en 2011.
Ce bilan sinistre dépasse le précédent pic de 719 décès établi en 2021.
Cette année, le rapport intitulé Dénombrer et décrire souligne que la précarité continue d’être un fléau meurtrier, avec des conditions de vie qui s’avèrent létales pour les plus vulnérables dans un pays parmi les plus riches du monde.
Une précarité meurtrière et un âge moyen de décès dramatiquement bas
Parmi les 826 décès recensés par le CMDR en 2023, on compte 735 personnes encore sans domicile personnel au moment de leur mort, qu’elles vivent dans la rue, des hébergements d’urgence ou des structures précaires.
L’âge moyen des personnes décédées qui ont connu la rue s’élève à 48,8 ans, soit plus de 30 ans de moins que la moyenne nationale, établie à 79,9 ans.
En seulement quatre ans, cet âge moyen a encore chuté, passant de 50 ans en 2019 à moins de 49 ans aujourd’hui.
Les statistiques révèlent par ailleurs un profil marqué : 88 % des décès concernent des hommes, une proportion en très léger recul par rapport aux années précédentes, avec une augmentation marginale du nombre de femmes. Les hommes de plus de 45 ans constituent la majorité des décès, avec une proportion de 86 % en 2023, contre 89 % en 2022.
Violences et isolement : une mortalité en hausse dans la rue
Les chiffres dévoilés mettent en évidence une autre tendance alarmante : la proportion de décès par mort violente est en augmentation depuis 2019, représentant désormais entre 20 et 30 % des décès.
Ces morts violentes incluent non seulement des agressions mais également des accidents et des suicides.
Quant aux décès survenus à cause de maladies, le rapport note une baisse continue, bien qu’elles restent fréquentes dans les conditions de vie insalubres de la rue. Pour les moins de 50 ans, une majorité de décès surviennent directement dans l’espace public, là où la vulnérabilité des sans-abri atteint son paroxysme.
Sous-estimation dramatique d’un problème invisible
Les auteurs du rapport estiment toutefois que le nombre réel de décès de personnes sans domicile fixe pourrait être jusqu’à six fois plus élevé. La difficulté de recenser les sans-abri et ceux sans logement permanent, souvent isolés et en marge, limite la précision de cette comptabilisation.
Ce chiffre, pourtant déjà accablant, n’illustre donc qu’une partie de la réalité.
Dans leur rapport, le CMDR rappelle les lignes directrices de l’Organisation des Nations Unies, qui établissent le droit au logement comme “indissociable d’autres droits, y compris du droit à la vie”.
Une situation de précarité intolérable dans un pays riche
Face à ce bilan, la question de l’inefficacité des politiques publiques résonne terriblement. Comment, dans un pays comme la France, cette situation peut-elle perdurer, voire s’aggraver ? Derrière ces chiffres, c’est le visage de l’exclusion sociale qui se dessine, un scandale pour un pays économiquement prospère qui, malgré des dispositifs d’aide, ne parvient pas à répondre aux besoins essentiels des plus démunis.
En publiant ce rapport, le collectif Les Morts de la Rue lance une nouvelle alerte : la lutte contre la précarité et pour l’accès au logement ne peut plus attendre.
Dans une société marquée par des disparités grandissantes, ces morts anonymes rappellent douloureusement que, sans actions fortes et structurelles, l’exclusion continue de tuer chaque année des centaines de vies humaines dans les rues de France.
Pour lire le rapport du collectif Les Morts de la Rue, cliquez ici
Qui a cru , que, a partir de 2017 , plus personne ne devait dormir dans la rue ?