Soixante ans plus tard, les migrants d'aujourd'hui me rappèlent mon exil d'hier
Dans les méandres tumultueux des réseaux sociaux, là où la haine s'exprime avec une véhémence parfois déconcertante, émerge incessamment une interrogation, un écho lointain de mon propre exil, gravé dans les annales de mon enfance, il y a plus de soixante ans. En remontant le fil du temps, se dessine le portrait d'un jeune esprit, à peine âgé de douze ans, voguant dans les eaux incertaines de l'ailleurs. Le sentiment d'exil, embryonnaire et éphémère, se trace dans le sillage d'un départ douloureux de l'Algérie, la terre natale, ballotée par les tumultes de l'Histoire.
C'est ainsi que je m'interroge sur ces premiers émois d'un exil, enracinés dans l'enfance, imprégnés de l'ombre des départs forcés et des bouleversements historiques.
Revenant à ces réflexions initiales, je prends conscience de ma propre traversée migratoire, un périple marqué par le confort matériel, diamétralement opposé à celui des migrants contemporains. Éloigné des périls de la Méditerranée, j'explorais des terres inconnues, pourtant accueillantes. Les "rapatriés" de 1962, dont nous n'étions pas, fuyaient une Algérie nouvellement indépendante, animés par des motivations politiques distinctes de la fin de la guerre d'Algérie.
Ainsi, mon récit s'entrelace avec celui de milliers de migrants actuels, partageant la quête d'un avenir incertain, oscillant entre l'aspiration à une vie meilleure et les périls déchirants de la migration.
Au cœur de ces réflexions réside une méditation sur la condition humaine contemporaine. Le regard critique se tourne vers notre propre société occidentale, imprégnée d'un confort qui induit la méprise. La haine envers les migrants, cherchant à échapper à des terres dévastées, révèle une lacune cruelle dans notre capacité à compatir.
Notre humanisme s'effrite et se dissimule derrière un voile d'indifférence.
Ainsi, au fil de mes considérations, cette question cruciale : que subsiste-t-il de notre humanisme face aux défis de l'exil, de la migration et des tragédies humaines qui se déroulent aux portes de nos terres d'abondance ?
(Photo de engin akyurt sur Unsplash)