Réchauffement climatique : une menace grandissante pour les stations de ski de moyenne montagne
Plus de 180 domaines skiables ont été fermés en France depuis les années 70.
C’est un tournant symbolique pour les stations de ski de moyenne montagne en France. Deux stations historiques, le Grand Puy dans les Alpes-de-Haute-Provence et l'Alpe du Grand Serre en Isère, ont pris la décision de mettre fin à leurs activités de ski.
Ces fermetures ne sont que les dernières d'une longue série, conséquence directe du réchauffement climatique qui bouleverse l’économie de la montagne.
Dimanche 6 octobre, les habitants de Seyne-les-Alpes ont voté en faveur de la fermeture de leur station de ski du Grand Puy. Ce domaine skiable s’étendait sur 24 kilomètres de pistes, entre 1 370 et 1 800 mètres d’altitude. La chute des températures hivernales et l’absence régulière de neige naturelle avaient fragilisé la fréquentation, provoquant des pertes financières insurmontables. Avec des centaines de milliers d’euros de pertes cumulées par an, les élus ont préféré une reconversion. La mairie a évoqué la possibilité de diversifier les activités, avec la création d’un lac de pêche et d’un stade de trail, des initiatives visant à attirer un tourisme “quatre saisons” respectueux de l’environnement.
Toujours dimanche, la communauté de communes de Matheysine, en Isère, a également acté la fermeture de l'Alpe du Grand Serre, une station vieille de 85 ans. Là encore, la neige se faisait rare, et les coûts de fonctionnement n’étaient plus soutenables.
Le réchauffement climatique impose son rythme : il rend les saisons d’enneigement de plus en plus courtes, coûteuses et incertaines.
Une fermeture avec un impact direct sur 200 emplois !
Ces fermetures ne sont pas des cas isolés. Depuis les années 70, plus de 180 domaines skiables ont été abandonnés en France, principalement des micro-stations familiales ou communales en moyenne montagne. Ces stations, autrefois florissantes, n’arrivent plus à compenser les hivers moins enneigés et les étés de plus en plus chauds.
Le réchauffement climatique, que certains pensaient lointain, se manifeste aujourd’hui de manière brutale dans les Alpes et les Pyrénées. Alors que les sommets de haute montagne résistent encore grâce à des altitudes élevées, les stations situées autour de 1 500 à 1 800 mètres d’altitude vivent un véritable cauchemar.
La neige artificielle, coûteuse et énergivore, n’a pas suffi à sauver ces domaines qui luttaient déjà contre des coûts de maintenance exorbitants et des saisons de ski de plus en plus courtes.
Pour les communes concernées, il s'agit désormais de se réinventer. La transformation d’un domaine skiable en un site de trail ou la reconversion des retenues collinaires en lacs de pêche sont des pistes.
Mais ces solutions suffiront-elles à attirer les touristes qui, autrefois, venaient pour le ski ?
Le défi est immense. Au-delà du tourisme, c’est toute une économie locale qui est en jeu : des emplois directs dans les stations aux commerces environnants.
En toile de fond, le réchauffement climatique continue de dessiner de nouveaux contours pour les territoires de montagne. Ce qui autrefois était un joyau d’hiver s’évapore avec la neige qui fond. Si les stations de basse et moyenne altitude ne peuvent plus compter sur leurs hivers, elles doivent désormais se tourner vers des solutions pérennes pour se réinventer, tout en intégrant la réalité d'un monde qui se réchauffe.
La fermeture de ces deux stations témoigne du changement inévitable auquel la montagne doit faire face. Le ski, autrefois roi, pourrait bien devenir une activité marginale dans certaines régions.
Ces fermetures marquent la fin d’une ère où le ski dominait les montagnes françaises. Désormais, c’est à la montagne de s’adapter au réchauffement climatique, sous peine de disparaître dans l’oubli.
(Photo illustration : archives © Paul Tan)