Nouvelle-Calédonie : les présidents des quatre régions d’Outre-mer demandent le "retrait immédiat" de la réforme
Les présidents des régions Réunion, Guadeloupe, Martinique et de la collectivité de Guyane ont demandé dimanche le « retrait immédiat » de la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, décriée par les indépendantistes et à l’origine des violences.
Dans une tribune publiée par le portail média public Outre-mer la 1ère, (lire ci-après), les élus soulignent la nécessité d'une réponse politique pour mettre fin aux tensions croissantes sur l’archipel.
“Seule la réponse politique mettra fin à la montée des violences et empêchera la guerre civile. Nous, élus des outre-mer, demandons solennellement au gouvernement le retrait immédiat du projet de loi de réforme constitutionnelle visant à changer le corps électoral pour les élections en Nouvelle-Calédonie-Kanaky, comme préalable à la reprise d’un dialogue apaisé”, écrivent les signataires de cette tribune.
Ils insistent sur l'urgence d'un retrait pour permettre le retour à un dialogue constructif et éviter une escalade de la violence.
Rappel :
La Nouvelle-Calédonie est secouée depuis lundi 13 mai par des émeutes. Elles ont éclaté alors que l’Assemblée nationale allait se prononcer sur une révision constitutionnelle prévoyant une réforme du corps électoral vivement contestée par les indépendantistes de l’île. Cette réforme, perçue comme une tentative de marginaliser davantage les voix indépendantistes, a déclenché une vague de protestations violentes.
L’état d’urgence a été décrété, mercredi 15 mai, sur le territoire de l’archipel français après trois jours de violences qui ont causé six morts, dont deux gendarmes, et des centaines de blessés.
La situation demeure extrêmement tendue, et les appels au calme se multiplient tant en Nouvelle-Calédonie qu’en métropole et dans les territoires ultramarins.
Solidarité Outre-mer
Les présidents des régions Réunion, Guadeloupe, Martinique et de la collectivité de Guyane, en exprimant leur solidarité avec les populations de Nouvelle-Calédonie, rappellent l'importance de respecter les accords et les aspirations des peuples d'outre-mer. Ils mettent en garde contre les conséquences d’une réforme perçue comme injuste et imposée sans concertation, soulignant que seule une solution politique, équitable et inclusive pourra rétablir la paix et la confiance sur le territoire.
(Photo : capture écran France 24)
La tribune :
{Nouvelle-Calédonie
“Nous, élus des Outremers demandons solennellement au Gouvernement le retrait immédiat du projet de loi de réforme constitutionnelle”
En reconnaissant l’existence d’un peuple autochtone et colonisé, l’accord de Nouméa conclu en 1998 a ouvert la voie à un processus de décolonisation et d’évolution institutionnelle pacifié.
Alors que les accords de Nouméa prévoyaient une composition précise du corps électoral, le projet de loi constitutionnelle présenté par le gouvernement revoit les modalités d’organisation des scrutins pour définir l’avenir du territoire calédonien.
En effet, le projet de loi constitutionnelle organise l’ouverture du scrutin provincial calédonien aux résidents installés depuis au moins dix ans sur l’île.
Cette modification sans consensus de tous les partenaires, constitue une trahison de l’esprit et de la lettre des accords de Matignon et Nouméa.
Les révoltes qui frappent la Nouvelle-Calédonie ont causé la mort de 6 personnes. Nous adressons nos condoléances aux familles des personnes décédées et à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky.
Face à cette situation d’insurrection, le gouvernement a décrété l’état d’urgence.
La réponse sécuritaire qui consiste à mettre en place des mesures exceptionnelles – interdictions de circulation, assignations à résidence, perquisitions… ainsi que l’envoi de policiers et gendarmes supplémentaires – n’apporte pas de solution.
Ces réponses répressives risquent d’engendrer une spirale de violence et de compromettre le retour au calme attendu.
Seule la réponse politique mettra fin à la montée des violences et empêchera la guerre civile.
Nous, élus des Outremers demandons solennellement au Gouvernement le retrait immédiat du projet de loi de réforme constitutionnelle visant à changer le corps électoral pour les élections en Nouvelle-Calédonie-Kanaky comme préalable à la reprise d’un dialogue apaisé avec l’ensemble des parties prenantes en renouant avec l’esprit des accords de Nouméa pour la construction d’un avenir commun.}