Mort du "boucher de Téhéran" : les condoléances occidentales de la honte
Pour Mona Jafarian, l'Occident courbe l'échine face à l'Iran
Mona Jafarian, présidente de l'association “Femme Azadi” et consultante franco-iranienne, a exprimé de vives critiques à l'encontre des dirigeants occidentaux dans un entretien accordé à l’hebdomadaire dominical “La Tribune”, dimanche dernier (26 mai).
Elle dénonce ce qu'elle perçoit comme une hypocrisie et un manque de courage face aux atrocités commises par le régime iranien.
Selon Mona Jafarian, “les dirigeants occidentaux vendent leur âme au Diable”. Elle pointe du doigt la réaction de la communauté internationale suite à la mort, dans le crash de son hélicoptère, du président iranien Ebrahim Raïssi, surnommé le “bourreau de Téhéran”. Alors que le peuple iranien célébrait la mort de l'un de ses pires oppresseurs, responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes, l'Occident a une fois de plus choisi de se soumettre.
La réponse de plusieurs institutions internationales et gouvernements occidentaux est jugée scandaleuse par Mona Jafarian. L'ONU a mis son drapeau en berne et le Conseil de sécurité a observé une minute de silence, malgré la publication récente d'un rapport de 580 pages par l'une de ses commissions d'enquête, détaillant les crimes contre l'humanité commis par ce régime sur des enfants, des femmes et des hommes en Iran. La France a présenté ses “condoléances” à la République islamique, et l'Union européenne a emboîté le pas.
Mona Jafarian note cependant une distinction dans la réponse américaine, qui a exprimé son “soutien au peuple iranien et à sa lutte pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales” dans son communiqué. Cependant, même cet acte ne suffit pas à effacer l'affront des condoléances protocolaires offertes par d'autres grandes puissances, y compris l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'AIEA, censée enquêter sur la prolifération du nucléaire par le régime de Téhéran, a offert le spectacle sordide de ses membres l'air grave, la tête baissée, respectant une minute de silence pour le “boucher de Téhéran”.
Pour Mona Jafarian, ces gestes symboliques sont une insulte non seulement aux principes républicains des pays occidentaux, mais aussi aux nombreuses victimes du régime iranien. Elle rappelle les jeunes Iraniens “assassinés, torturés, pendus, violés, battus” et accuse les dirigeants occidentaux de complicité par leur inaction et leur diplomatie complaisante.
“Les dirigeants des grandes puissances prétendent lutter contre le terrorisme et la montée de l'intégrisme sur leur propre sol, mais ils considèrent les plus gros financiers du terrorisme mondial comme des partenaires diplomatiques avec lesquels négocier”, déplore-t-elle.
L'entretien avec Mona Jafarian révèle un profond malaise face à ce qu'elle considère comme une trahison des valeurs fondamentales de liberté et de justice par les gouvernements occidentaux.
Son appel est clair : écouter les voix des dissidents iraniens et soutenir véritablement leur combat pour un Iran libre et démocratique, en mettant fin à la politique d'apaisement et en prenant des mesures concrètes pour faire pression sur le régime iranien.
Si les dirigeants occidentaux pouvaient entendre son appel, au lieu de jouer les autruches !
(Mona Jafarian / capture écran YouTube)