Mort de Claude François : je me souviens !
Dans l'après-midi du 11 mars 1978, la vie de Claude François s'est brutalement arrêtée, laissant derrière lui un rideau tombé sur une existence emblématique. La nouvelle de sa mort par électrocution à son domicile parisien du XVIe arrondissement a secoué la France et plongé toute une génération dans un état de choc profond.
À l'âge de 39 ans, l'idole de la jeunesse venait de disparaître, laissant un vide immense dans le cœur de ses fans.
Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. À cette époque, je n'étais pas particulièrement un admirateur de Claude François. Bien au contraire, il incarnait, à mes yeux, tout ce que je réprouvais dans le mode de vie de ces idoles pailletées. Alors que j’allais vers la trentaine, je le percevais comme un symbole de tout ce que je fuyais, un artiste superficiel et commercial.
Cependant, ce jour reste gravé en moi pour une raison simple. J'étais alors près de Megève, dans les Alpes, pour une semaine de découverte du ski de fond, une activité qui m'était encore inconnue après des années passées en Afrique et sous les tropiques.
À mon arrivée à l'hôtel, une atmosphère pesante et lourde de chagrin flottait dans l'air. Les membres du personnel étaient en larmes, incapables d'articuler le moindre mot. À l'époque, les chaînes d'information en continu n'existaient pas, et les réseaux sociaux étaient encore loin de voir le jour. Les nouvelles se propageaient par le canal de la radio, du téléphone et du petit écran, qui ne comptait alors que trois chaînes de télévision en France.
Devant cette scène de désolation, avec cinq ou six personnes effondrées, je m'imaginais le pire.
Peut-être que le président de la République, Giscard d'Estaing, avait trouvé la mort, ou qu'une catastrophe majeure s'était produite en France, laissant derrière elle son lot de victimes. Dans cette période de “guerre froide”, même l'idée d'une menace nucléaire me traversa l'esprit, faisant défiler dans ma tête une série d'événements catastrophiques qui suscitaient une inquiétude légitime.
Ce n'est que lorsque, dans un murmure étouffé, une réceptionniste parvint à articuler ces mots devant la directrice de l'établissement effondrée : “Clo Clo est mort !” que la vérité éclata.
La disparition de Claude François, cet artiste tant décrié à mes yeux, avait engendré une vague de chagrin nationale, transformant ce jour en un instant gravé à jamais dans ma mémoire.
Malgré mon indifférence envers Claude François, j'ai réalisé que, derrière le personnage public et les paillettes, se cachait un homme qui avait touché le cœur de millions de personnes grâce à sa musique…
(Photo illustration : Wikipédia)