Malbouffe aux caisses : quand les supermarchés sacrifient la santé pour le profit
Ce retour en force des produits sucrés marque une défaite cinglante pour la santé publique, et une victoire sans partage pour l’industrie agroalimentaire.
Les supermarchés et hypermarchés de France sont à nouveau sous le feu des critiques, à juste raison. Quinze ans après la promesse de retirer les confiseries des caisses, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme : dans 86% des 600 magasins visités à travers 61 départements, les sucreries sont bel et bien de retour, occupant ce lieu stratégique où les consommateurs finalisent leurs achats.
Ce retour en force des produits sucrés marque une défaite cinglante pour la santé publique, et une victoire sans partage pour l’industrie agroalimentaire.
Les enfants, cibles incontournables
Le constat est accablant : peu importe l’enseigne, les bonbons, chocolats et autres confiseries dominent l’espace près des caisses.
84% des Leclerc, 87% des Carrefour, 89% des Intermarché, et 93% des Lidl mettent en avant ces produits à cet endroit précis.
Parmi les grands gagnants, Ferrero et ses bonbons Tic Tac, présents dans 70% des magasins, suivi de près par Mentos (63%) et les incontournables M&M’s (44%).
Ces chiffres illustrent une stratégie de placement des produits bien rodée, où les enfants, cibles privilégiées, sont les victimes de cette guerre marketing.
Un engagement volontaire enfumé
En 2008, sous la pression du ministère de la Santé, les grandes enseignes avaient promis de jouer le jeu du volontariat pour retirer ces produits des caisses. Un engagement qui, selon les observations de l’UFC-Que Choisir, n’aura été qu’un écran de fumée.
Quinze ans plus tard, les promesses se sont évaporées, et les rayons de caisse sont à nouveau envahis par les sucreries, en dépit des alertes répétées sur l’impact de ces produits sur la santé, notamment celle des plus jeunes.
La malbouffe au pouvoir
Le retour des confiseries aux caisses n’est que la partie émergée de l’iceberg. En août dernier, l’association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) révélait que sur 1349 produits en promotion dans les catalogues de cinq grandes enseignes représentant 80% du marché, près de la moitié arboraient un Nutri-Score D ou E, ces produits dont la consommation devrait être limitée selon les autorités sanitaires.
En revanche, les fruits, légumes et autres aliments recommandés pour une alimentation équilibrée ne représentaient qu’une infime part des promotions, à peine 10% au total.
L’inertie complice de la grande distribution
Ces chiffres révèlent un déséquilibre inquiétant, où les produits les plus néfastes pour la santé sont massivement mis en avant au détriment d’aliments bénéfiques. Cette stratégie de promotion, combinée au retour des confiseries aux caisses, témoigne d’une inertie complice des grandes enseignes, qui préfèrent maximiser leurs profits immédiats plutôt que de répondre aux enjeux de santé publique.
Faire payer la facture de la malbouffe
Face à cette situation alarmante, l’UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à agir de manière décisive, en interdisant la promotion des aliments les plus déséquilibrés et de prendre tous les moyens pour cesser ce marketing irresponsable qui ne fait qu’aggraver la crise de la malbouffe en France.
Les grandes enseignes ne doivent plus agir en toute impunité. Il en va de la santé des consommateurs, en particulier celle des enfants.
Alors que les fruits et légumes peinent à se faire une place dans les chariots des consommateurs, la malbouffe, elle, continue de régner en maître, encouragée par des pratiques commerciales déplorables.
Si l’Etat ne prend pas des mesures contraignantes pour contrer cette tendance, n’oublions pas que c’est toute une génération qui paiera le prix fort pour ces choix totalement irresponsables.