Luchon : vente de l'Ehpad "Era Caso" au groupe Edenis, réaction de Cédric Rouffiac
Dans un entretien qu’il m’a accordé récemment, Cédric Rouffiac n’avait pas caché ses ambitions de mener une liste aux élections municipales de 2026 (lire ici). Il a souhaité réagir à la vente de l’immobilier de l’Ehpad “Era Caso” au groupe Edenis acté, vendredi dernier, par une majorité d’élus de Luchon.
Paul Tian : Vous avez souhaité réagir suite au dernier conseil municipal qui s’est tenu, vendredi 26 juillet, suite à un vice de procédure au cours du conseil municipal précédent (15 juillet). Un conseil municipal qui avait un ordre du jour principal, la cession de l’immobilier de l’Ehpad “Era Caso” au groupe associatif régional Edenis. Pourquoi ?
Cédric Rouffiac : J’avais espéré que ce laps de temps donne lieu à une prise de conscience collective et que la vente ne soit finalement pas votée. Il n’en fut rien et les votes ont été identiques à ceux du dernier conseil municipal, ce que je déplore.
Le maire Eric Azémar s’est basé sur une loi de 2017, stipulant dans les grandes lignes qu’un Ehpad ne devait plus être directement géré par une mairie pour s’alléger de la gestion de notre Ehpad.
Cette loi doit être lue et interprétée comme il faut : en effet, si une mairie ne doit plus assurer seule la gestion d’un tel établissement, cette même loi dit qu’il faut que la gestion soit assurée par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), structure dont nous disposons à Luchon, mais qui faute de personnel suffisant et formé, ne fonctionne pas de manière efficiente, ce qui a conduit aux dysfonctionnements que nous connaissons et dont le point culminant a eu lieu en Août 2023.
Et comme l’a reconnu Didier Le Page, 1er adjoint, la situation s’était stabilisée depuis, il était donc possible, je le maintiens, de rectifier le tir et de maintenir cet établissement dans le giron de la commune, ou à titre subsidiaire, le confier en gestion privée durant quelques années.
Mais pourquoi vendre les murs ?
Paul Tian : Vous imaginez bien que le groupe Edenis qui va gérer l’Ehpad “Era Caso” et qui va investir des fonds pour sa restructuration faisait de la vente de l’immobilier une condition ?
Cédric Rouffiac : Au-delà du drame humain, avec l’avenir pour les 60 pensionnaires et les 50 salariés, le préjudice pour notre commune est également financier, même si je le rappelle, cet aspect doit passer après l’aspect humain.
Je me permets donc de rappeler que le bâtiment qui totalise une surface de 3.600 m2 a été cédé pour la somme de 2,7 millions d’euros. Je laisse le soin à vos lecteurs de calculer le prix au m2…
Or, il y a environ 20 ans, la commune de Luchon s’était portée acquéreur de ce même bâtiment pour la somme de 2,5 millions d’euros et des travaux avaient été effectués pour un montant de 1,2 millions d’euros, ce qui donne une valeur de 3,9 millions d’euros, sans tenir compte de l’augmentation du prix du marché immobilier en 20 ans, en raison de l’inflation et de la diminution des taux d’intérêt d’emprunt, qui entraînent immanquablement à eux deux, une hausse des prix du marché.
Actuellement, la fourchette basse des prix de l’immobilier Luchonnais de situe aux alentours de 2.000 euros/M2, je vous laisse calculer ce que cela donne pour 3.600 m2…
La municipalité a donc vendu à perte le bâtiment d’Era Caso, soit au minimum un montant de 1,2 millions d’euros !
Paul Tian : Vous êtes très critique sur la politique financière de la ville de Luchon gérée par Eric Azémar ?
Cédric Rouffiac : Outre l’Ehpad “Era Caso”, je rappelle également que des travaux de maintenance de l’usine des Eaux de Luchon pour un montant avoisinant les 300.000 euros ont été financés par la mairie, montant que l’exploitant de cette même usine a refusé de régler !
Et rien n’a été entrepris en vue de recouvrer cette somme….
Ajoutons à cela, la vente à perte également du bâtiment de l’ancienne école Sainte-Marie, soit environ 150.000 euros de différence avec un prix moyen.
Enfin, parlons des 100.000 euros dépensés pour la démolition de la piscine Alban Rougé !!!
Depuis 2020, pas loin de 2 millions d’euros ont été jetés par les fenêtres !
N’oublions pas qu’il s’agit d’argent public, en l’occurrence, notre argent, que nous gagnons difficilement.
Oui, je suis très inquiet pour les finances de la ville de Luchon, une très mauvaise direction a été prise depuis quelques années.
Les bijoux de famille sont vendus à tour de bras, mais en plus à perte !
Cette gestion irresponsable ne peut pas perdurer !
Paul Tian : En conclusion ?
Cédric Rouffiac : J’en appelle donc à une prise de conscience de la part de nos élus, il faut changer de méthode de gestion et ce, de manière urgente, faute de quoi, au risque de me répéter, la pression fiscale qui est déjà très, même trop importante chez nous, deviendra intenable pour beaucoup d’entre nous et finalement pour tous !
Il faut rectifier le tir, restructurer les différents services de la commune, former, valoriser les collaborateurs afin que tous ces services fonctionnent de manière efficiente.
Nous disposons des moyens humains, à nous de les valoriser.
Nous ne pouvons plus, nous ne devons plus nous permettre de gâcher des vies, des carrières professionnelles et de l’argent public.