Luchon-Montréjeau : le train pyrénéen retrouve ses rails, l'hydrogène reste en gare
Après dix ans d'interruption, la ligne Montréjeau-Luchon reprend du service dimanche. Mais l'innovation hydrogène promise semble avoir disparu des radars.
(Nouvelle gare de Luchon / Photo © H.H.)
Dimanche marquera un moment historique pour les Pyrénées : après dix longues années d'interruption, le train reliera à nouveau Montréjeau à Luchon. Une renaissance qui sonne comme une victoire politique pour Carole Delga, mais qui soulève une question troublante : où est passé l'hydrogène ?
Rappelons les faits. En novembre 2014, la SNCF suspend cette ligne mythique de 36 kilomètres. Officiellement à cause des inondations de juin 2013, officieusement par manque d'entretien chronique qui avait rendu la ligne quasi-fantôme, avec une fréquentation passagère dérisoire. Un abandon programmé, en somme.
La Région Occitanie a dû sortir le grand jeu – et surtout les grands moyens – pour ressusciter cette liaison. Près de 70 millions d'euros entièrement financés sur ses deniers, un engagement politique total de sa présidente qui en avait fait son "cheval de bataille".
Mission accomplie : dimanche matin, le convoi entrera en gare de Luchon sous les applaudissements.
Mais voilà où le bât blesse. Il y a encore quelques mois, cette ligne était présentée comme un laboratoire d'innovation, la première de France à accueillir des trains à hydrogène. Un argument de poids pour justifier l'investissement colossal et donner une dimension écologique au projet. L'hydrogène, cette énergie propre d'avenir, devait faire de Montréjeau-Luchon une vitrine technologique.
Seulement, en parcourant les comptes-rendus du voyage de presse organisé cette semaine par la Région, en consultant les posts enthousiastes des élus locaux sur les réseaux sociaux, force est de constater un silence assourdissant sur cette innovation.
L'hydrogène semble avoir été effacé des éléments de langage, relégué aux oubliettes de la communication.
Cette omission interpelle. S'agit-il d'un simple oubli dans la stratégie de communication ? D'un report technique ? Ou bien l'hydrogène n'était-il qu'un habillage marketing pour faire passer la pilule budgétaire ? Dans tous les cas, ce silence contraste singulièrement avec les promesses d'hier.
Au-delà de cette question légitime, la remise en service de cette ligne reste une excellente nouvelle pour le territoire. Elle redonne vie à une desserte pour Luchon et sa vallée, offre une alternative écologique à la voiture, et témoigne de la capacité des collectivités à prendre leurs responsabilités quand l'État se désengage.
Mais l'optimisme affiché par la Région cache une équation complexe. Les élus tablent sur plus de 60 000 passagers par an, un objectif ambitieux quand on sait que la fréquentation était tombée sous la barre des 40 000 voyageurs il y a dix ans. Pari audacieux ou calcul hasardeux ?
Car entre-temps, les habitudes ont changé. Dix années d'interruption, c'est long dans une vie. Les habitants du territoire se sont adaptés, ont trouvé d'autres solutions de mobilité. Les curistes et touristes ont pris d'autres réflexes. Reconquérir ce public ne se décrète pas, cela se mérite au quotidien par la régularité, la ponctualité et l'attractivité de l'offre.
Reste que l'épisode de l'hydrogène oublié illustre une tendance fâcheuse : celle d'utiliser les innovations technologiques comme arguments de vente, avant de les laisser discrètement tomber par la suite…
Dimanche, quand le train sifflera en gare de Luchon, les voyageurs se réjouiront légitimement de retrouver cette liaison.
Mais quelques-uns se demanderont peut-être : et l'hydrogène dans tout ça ?
Et d'autres, plus pragmatiques, s'interrogeront sur la capacité de cette résurrection ferroviaire à reconquérir durablement les cœurs et les habitudes d'un territoire qui a appris à vivre sans elle.
© Paul Tian
Bonjour le train ,Bagnères de Luchon vas retrouver son Ame ,
ne fesons pas fine bouche, de ne pas avoir l'hydrogène cette fois -ci ,
ce sera pour plus-tard voyons !
Allez bon weekend a tous ..