Luchon : du congrès de l'Anem aux signalements à la justice de l'ex-maire, mes questions à Éric Azémar
De retour du 40° congrès de l'Association nationale élus de montagne, je me suis entretenu avec le premier magistrat de la cité thermale.
(Photo illustration : archives © Paul Tian)
Paul Tian : Vous rentrez du 40e congrès de l'Association nationale élus de montagne (Anem) qui s'est tenu la semaine dernière à Superdévoluy dans les Hautes-Alpes. La thématique de cette année était Futurs durables : la montagne au défi. Que pouvez-vous nous dire de ce congrès alors que nous savons que "la montagne ne se porte pas au mieux" et que les perspectives d'avenir sont parfois incertaines ?
Éric Azémar : Je rentre en effet du congrès annuel de cette association auquel assistent et participent traditionnellement les Sénateurs et Députés qui traitent toutes les questions de la montagne dans le cadre de leurs fonctions.
La montagne est en effet un sujet sensible au niveau national ne serait-ce que parce que 30 % de la population française habite en zone de montagne. Cette association a pour objet de parler d’une seule voix de la Montagne pour défendre ses intérêts et ses spécificités au niveau national, hors partis politiques.
Les débats et échanges ont été riches, des motions ont été adoptées, elles seront transmises aux Ministres et Parlementaires concernés et suivies de réunions avec les Cabinets ministériels :
Motion pour demander le maintien du service postal en milieu rural
Motion pour demander la différenciation et la spécificité des territoires de montagne
Motion pour protéger les terres agricoles des zones de montagne (la question de la prédation ours/loup en fait partie)
Motion pour demander l’élargissement de la base sur laquelle s’applique la taxe GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) et que pour les Maires des zones concernées aient davantage de souplesse pour entretenir les berges de leurs rivières.
Au-delà de ces motions, le sujet de la forêt en zone de montagne est un point épineux car les forêts montagnardes se dégradent (sécheresse et parasites) et il y a un véritable manque de main d’œuvre qualifiée pour en assurer la gestion et l’exploitation sans parler de la filière bois qui reste à développer de manière cohérente.
Il est à noter que l’actuelle ministre de l’Agriculture a été présidente de l’ANEM et qu’elle est déjà sensibilisée au sujet. La Ministre de la ruralité était présente et a tenu un discours très engagé et volontariste sur la question de la spécificité de la montagne. A suivre…
Paul Tian : La ministre déléguée chargée de la ruralité, du commerce et de l'artisanat, Françoise Gatel, a confirmé au cours de ce congrès, que le transfert de la compétence eau-assainissement aux intercommunalités ne sera plus obligatoire en 2026. Cela change-t-il quelque chose pour Luchon ?
Éric Azémar : Madame GATEL a en effet confirmé que ce transfert ne sera plus obligatoire. C’est une revendication de l’ANEM depuis 2018. Pour Luchon cela ne change pas grand-chose puisque nous venons de signer un contrat qui renouvelle la gestion de l’eau et l’assainissement de la Ville pour les 8 ans à venir, un contrat qui fait baisser le prix de l’eau 20% , les Luchonnais ont sans doute déjà pu s’en apercevoir !
Il nous faudra cependant décider avant 2026 si nous gardons ou non les budgets annexes qui y sont associés ou si nous les transférons à la Communauté de Communes.
Paul Tian : L’ancien maire de Luchon, Louis Ferré a publié sur la page Facebook Pass Montagne et donné un entretien au quotidien régional pour expliquer qu'il avait été blanchi du signalement (plainte ?) que vous aviez effectué auprès du procureur de la République. Information qui a fait l'objet d'un article sur ma newsletter. Pourriez-vous revenir sur cet épilogue qui vous oppose à votre prédécesseur ?
Éric Azémar : Louis Ferré a en effet choisi de rendre publique l’information que j’ai transmise confidentiellement au Procureur de la République, sans doute pour se poser en victime et m’accuser publiquement d’acharnement à son égard.
Soyons clair, il ne s’agit en aucune façon d’un dépôt de plainte mais de l’obligation qui m’est faite par la loi de porter à la connaissance du Procureur de la République tous les faits qui me paraissent délictueux. En l’occurrence, il s’agit de deux conventions signées entre Louis Ferré et les représentants du Personnel des Thermes et qui n’ont pas été avalisées ni par le Conseil municipal ni par le CST, ce qui est obligatoire.
C’est l’application des conditions de ces conventions, dont je n’avais pas connaissance, qui a conduit Madame la Trésorière à bloquer les salaires des agents des Thermes car certains éléments de salaire ne correspondaient pas à ce qui était officiellement prévu.
Je rappelle que Louis Ferré, lui-même, aurait eu l’obligation de faire la même chose s’il avait eu connaissance de tels faits pendant son mandat. Ne pas le faire consisterait à couvrir les faits qui paraissent délictueux. Je rappelle que tout Maire doit être capable de rendre des comptes sur sa gestion. C’est ce qui a été demandé à Louis Ferré, ni plus ni moins.
Monsieur le Procureur n’a pas donné de suite pénale mais la Chambre Régionale des Comptes, qui conduit actuellement un audit sur les comptes de la Commune de 2019 à 2024, a évidemment posé des questions sur cette affaire. Nous verrons ce qu’elle en retiendra lorsqu’elle rendra son rapport définitif mais il est fort probable que nous n’avons pas fini d’en parler.
Si Louis Ferré veut donner davantage de publicité à cette affaire, je l’invite à poser une question écrite sur ce sujet pour le prochain Conseil municipal qui aura lieu le 24 octobre. Je répondrai alors en détail avec documents à l’appui.
Paul Tian : Selon l'ancien maire de la ville vous avez effectué un autre signalement à la justice pour "incitation à la haine raciale". Toujours en cours d'instruction...
Éric Azémar : Cet autre signalement relève davantage de l’ordre des affaires privées : le même site Pass Montagne que vous citez dans la question précédente avait publié lors du dernier recensement de la population de 2022, un court article qui faisait un lien entre le recensement, Azemar et la rafle des Juifs... Etant donné que je ne peux laisser salir mon nom, j’ai donc signalé ce fait au Procureur de la République qui doit identifier le rédacteur de ces propos.
En tout état de cause, j’agirai chaque fois de la sorte : je n’ai pas l’intention de me laisser manœuvrer ni salir.
Paul Tian : Comment s'est déroulée à Luchon la période estivale et commence s'annonce la fin d'année ?
Éric Azémar : La période estivale a été de l’avis général riche en événements et animations de toutes sortes. Je crois que c’est véritablement la première fois que Luchon a été en effervescence du mois de juin au mois d’ octobre. Nous préparons déjà activement la prochaine saison estivale et pour la fin de l’année qui approche, La Toussaint, Halloween, Noël vont générer de belles animations dont vous aurez le détail dans le prochain programme de la Ville qui paraîtra bientôt.
(Photo © Dominique Fournier, Meilleur Ouvrier de France, Photographe à Luchon)
Dans tous les cas , je trouve que Luchon , depuis quelques années , fais des efforts pour dynamiser la ville et avec d'autres projets a venir , ville qui avait perdue de sa superbe , merci a la Nouvelle Mairie .Bonne fin d'année a tous .