Loi Duplomb : plus de 500 000 signatures contre une régression sanitaire et écologique
Une pétition d’une étudiante de 23 ans déclenche une fronde citoyenne inédite contre un texte jugé aberrant.
(Photo illustration © Assemblée nationale)
"Aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire." Les mots d’Éléonore Pattery, 23 ans, claquent comme un refus net d’une certaine vision de l’agriculture que le gouvernement et les parlementaires entendent imposer par la loi.
Seule à rédiger cette pétition le 10 juillet, l’étudiante ne l’est plus vraiment : plus de 500 000 personnes l’ont rejointe en huit jours, dont 300 000 en une seule journée.
Un chiffre qui en dit long sur la colère sourde, la lassitude d’une partie des Français face à des décisions politiques qui semblent tourner le dos aux alertes scientifiques, aux exigences écologiques, et même au simple bon sens.
Une mobilisation éclair contre une loi déjà jugée d’un autre temps
La loi Duplomb, adoptée début juillet par 316 voix contre 223, prétend simplifier la vie des agriculteurs.
Traduction concrète : réintroduction des néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d’abeilles que l’Europe combat depuis des années, facilitation des projets de stockage d’eau controversés, agrandissement des bâtiments d’élevage au détriment de l’environnement et du bien-être animal.
Sous couvert d’"adaptation" du monde agricole, cette loi s’inscrit dans un modèle productiviste que beaucoup pensaient révolu.
Mais à l’Assemblée, on semble avoir la mémoire courte et le lobby tenace.
Un signal politique que le pouvoir ne peut ignorer
Sur France Inter, Aurélie Trouvé, présidente de la commission des Affaires économiques, n’a pas masqué son étonnement devant l’ampleur du mouvement : "Incroyable", a-t-elle commenté, y voyant "la preuve que de nombreux Français rejettent cette loi".
Cette pétition, désormais hébergée officiellement sur le site de l’Assemblée nationale après avoir dépassé les 100 000 signatures, réclame l’abrogation immédiate du texte mais aussi une révision démocratique des conditions dans lesquelles il a été voté.
À cela s’ajoute une exigence claire : consultation des citoyens, des scientifiques, des professionnels de la santé, du droit et de l’agriculture.
Bref, de ceux qu’on n’a pas jugé bon d’écouter.
Quand la démocratie reprend la parole
Le seuil des 500 000 signatures ouvre une possibilité rare : celle d’imposer à l’Assemblée nationale un nouveau débat public en séance, si la Conférence des présidents en décide ainsi.
Le recueil des signatures reste ouvert jusqu’au 17 juillet 2026.
Ce mouvement populaire, fulgurant, sonne comme une réaction d’autodéfense démocratique face à une politique agricole qui tourne le dos aux enjeux sanitaires et environnementaux.
Alors qu’une partie de la société aspire à repenser nos modèles de production, l’exécutif et sa majorité législative donnent le sentiment de dérouler le tapis rouge aux lobbies industriels sous couvert de "simplification".
Un signal fort à ne pas balayer d’un revers de main
Cette fronde citoyenne rappelle que la loi n’a de légitimité que si elle est comprise, débattue et acceptée.
À l’heure où le monde s’échauffe, où la biodiversité s’effondre, où la santé publique vacille sous les coups de décisions à courte vue, cette contestation dit autre chose qu’un simple "non" : elle dit qu’il est urgent de changer de cap.
Le pouvoir écoutera-t-il ce demi-million de voix ? Rien n’est moins sûr. Mais il ne pourra plus prétendre ne pas les avoir entendues.
Pour signer la pétition, c’est ici, il suffit de se rendre sur le site de l’Assemblée Nationale et de disposer d’un compte France Connect.
comme beaucoup de loi, il manque énormement du plomb dans la cervelle de ceux qui les rédige !!