L’illusion estivale : non, tous les Français ne partent pas en vacances
Contrairement à l’image véhiculée par les médias, une part importante de la population reste chez elle l’été. Près de 4 Français sur 10 ne partent pas en vacances. Une inégalité sociale silencieuse.
Chaque été, le même scénario se répète à s’y méprendre : des autoroutes saturées, des gares débordantes, des scènes de transhumance relayées par des médias qui, eux aussi, semblent avoir pris leurs quartiers d’été. À les écouter, la France tout entière serait en route vers la mer, la montagne ou l’arrière-pays. Un pays en short et tongs, suspendu entre crème solaire et apéros glacés.
C’est beau, c’est lisse. Mais c’est une fable.
Car la vérité, la vraie, celle qu’on ne filme jamais, c’est celle de près de 40 % des Français qui ne partiront pas. Pas cet été. Pas l’été dernier non plus, pour beaucoup. Et peut-être pas l’été prochain.
Non, ce n’est pas un “choix”
On objectera, avec cette bienveillance un peu condescendante, que certains préfèrent rester. Qu’après tout, chacun son rythme, chacun ses priorités. C’est oublier un peu vite que derrière l’immobilité estivale se cache une inégalité rampante.
Quand un cadre supérieur part plusieurs fois par an, l’ouvrier, lui, regarde les photos sur son smartphone. Parfois, il n’a même pas les moyens de faire semblant.
La cause ? Toujours la même : le budget. En période de tension économique, les vacances sont les premières à passer à la trappe. On réduit les soins, l’alimentation… mais on supprime d’abord le superflu – et les vacances sont encore perçues comme un luxe. Triste glissement.
L’été comme fracture sociale
Ce qui me dérange profondément, ce n’est pas que certains aient les moyens de partir — tant mieux pour eux.
Ce qui me dérange, c’est le récit national qu’on construit en les prenant pour la norme. Comme si "ne pas partir" était une déviance. Comme si l’été n’avait de valeur que lorsqu’il s’affranchit du quotidien.
Et les médias y contribuent largement. Ils nourrissent, année après année, l’illusion d’une France en vadrouille, laissant sur le bas-côté ceux qui ne cadrent pas dans cette carte postale. Invisibilisés. Oubliés. Comme ces 80 000 enfants que le Secours populaire réunira le 20 août à Paris, pour leur offrir quelques heures de vacances volées au réel.
Revoir nos priorités
On dit que les vacances sont un droit. Qu’elles permettent de se reposer, de se retrouver, de s’épanouir. Alors pourquoi les acceptons-nous comme un privilège ? Pourquoi tolérons-nous qu’un enfant sur trois ne parte jamais ?
L’été ne devrait pas être un marqueur social, mais un souffle pour toutes les couches de la population.
Il serait temps de réévaluer notre regard. D’ouvrir les yeux sur ceux que l’été oublie. D’imaginer d’autres formes de vacances, plus inclusives, plus accessibles, plus proches peut-être, mais tout aussi réparatrices.
En finir avec le mythe
Non, tous les Français ne partent pas. Et ce n’est pas un simple constat — c’est une alerte. Car un pays qui refuse de regarder les réalités sociales en face, qui préfère les images réconfortantes aux chiffres dérangeants, finit par oublier une partie de ses citoyens au bord de la route. En silence.
Alors la prochaine fois qu’un journal ouvrira son édition avec les bouchons sur l’A7, qu’un présentateur annoncera joyeusement les vagues de départ, pensons à ceux qui restent.
À ceux qui "partent à Gardincourt", comme on dit dans le Nord. À ceux qui regardent passer l’été depuis leur balcon. Parce qu’eux aussi ont une histoire à raconter.
20ans sans changement ,sans partir de chez moi, cette année ,je veux sentir l'iode , voir l'horizon ,
observer la nuit les lamparos, revoir le lever du soleil sur la mer que j'aimais tant etc ...cette année ce sera mon luxe ,sans ordi , sans internet ,juste mon petit téléphone ,pour on ne sais jamais !