Libérez Boualem Sansal !
L’écrivain franco-algérien a été interpellé par la Direction générale de la sécurité intérieure, dès son atterrissage samedi 16 novembre à l’aéroport d’Alger.
L’arrestation de Boualem Sansal, figure emblématique des lettres algériennes et françaises, ébranle le monde intellectuel.
L’écrivain franco-algérien de 75 ans, connu pour son engagement inébranlable contre l’oppression et l’intégrisme islamiste, a été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre dernier, une information confirmée par l’agence officielle algérienne APS.
Cette détention suscite une mobilisation internationale, portée par des écrivains, des intellectuels et des personnalités politiques, tous unis dans un appel urgent à sa libération.
Mobilisation internationale
Parmi les nombreuses voix qui s’élèvent, celle du Prix Goncourt 2024, Kamel Daoud, résonne avec force.
Dans une tribune publiée le 23 novembre dans Le Point, Kamel Daoud, accompagné de plusieurs Prix Nobel de littérature – Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka – appelle à la “libération immédiate “ de Boualem Sansal et de tous les écrivains emprisonnés pour leurs idées.
Cette tribune, également signée par Salman Rushdie, Sylvain Tesson, Bernard-Henri Lévy et bien d’autres, dénonce une situation “alarmante” en Algérie où “la liberté d’expression n’est plus qu’un souvenir”.
Tahar Ben Jelloun, écrivain franco-marocain, s’est également joint à cet appel dans une autre tribune, implorant le président Emmanuel Macron d’user de tous les moyens diplomatiques pour obtenir la libération de Sansal.
“Son arrestation symbolise l’entrave insupportable à la liberté d’écrire et de penser”, écrit-il, en pointant du doigt un système répressif qui étouffe toute voix dissidente.
Un écrivain libre face à la répression
Boualem Sansal est bien plus qu’un romancier. À travers des œuvres comme Le Village de l’Allemand ou 2084 : la fin du monde, il a mis en lumière des vérités souvent dérangeantes : la guerre civile algérienne, les dérives du radicalisme religieux ou encore les complexités des relations franco-algériennes. Ses écrits, traduits dans le monde entier, lui ont valu d’être censuré en Algérie, mais aussi d’être honoré en France, notamment par le Grand Prix du roman de l’Académie française.
Pour Kamel Daoud, son ami et compatriote, Boualem Sansal est “un vieux prophète biblique, souriant, libre, mais qui a payé cher son retour au pays”.
Le Prix Goncourt 2024 décrit un climat de terreur en Algérie, où écrivains, intellectuels et éditeurs vivent sous la menace constante de représailles : accusations d’espionnage, arrestations arbitraires, diffamations et pressions sur leurs proches.
“Sansal écrit, il ne tue pas, il n’emprisonne pas”, rappelle Kamel Daoud, en dénonçant une dictature qui ne tolère plus aucune parole libre.
Accusations absurdes, enjeux politiques
Le régime algérien justifie l’arrestation de Boualem Sansal par des accusations graves, évoquant des écrits qui porteraient atteinte à “la sûreté de l’État” et au “fonctionnement des institutions”.
Une rhétorique qui pourrait entraîner une condamnation à perpétuité pour “terrorisme”
Cette arrestation intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre Alger et Paris, exacerbées par le soutien français au plan marocain pour l’autonomie du Sahara occidental.
L’Algérie n’hésite pas à qualifier les appels à la libération de Boualem Sansal de “manœuvres haineuses” orchestrées par un prétendu “lobby macronito-sioniste”, alimentant un discours de défiance face à la communauté internationale.
La liberté d’écrire, un combat universel
Face à cette situation, l’indignation monte. De Jean-Marie Le Clézio à Salman Rushdie, les écrivains du monde entier rappellent que la place d’un intellectuel n’est pas derrière les barreaux, mais autour d’une table ronde, dans un débat d’idées.
“Aujourd’hui, nous devons défendre la liberté d’écrire comme un droit fondamental, inaliénable”, martèle Kamel Daoud.
En France, des personnalités politiques comme Édouard Philippe ont également exprimé leur inquiétude, soulignant que Boualem Sansal incarne “la raison, la liberté et l’humanisme”.
De son côté, Yasmina Khadra, autre écrivain algérien critique du régime, s’est joint au concert de protestations, malgré leurs divergences littéraires :
“L’arrestation de Boualem Sansal m’insupporte. Il est temps de rappeler au monde que les écrivains ne sont pas des criminels.”
Un appel à la solidarité
Au-delà du cas de Boualem Sansal, c’est une question plus large qui se pose :
Celle de la liberté d’expression dans un monde de plus en plus répressif. Alors que l’Algérie tente d’étouffer ses voix dissidentes, la mobilisation internationale doit s’intensifier. Écrivains, citoyens, responsables politiques : chacun peut contribuer à faire pression pour obtenir la libération de Boualem Sansal. Car défendre un écrivain emprisonné, c’est défendre le droit de tous à penser, à écrire, à être libre.
Désormais, c'est aux gouvernements, aux institutions culturelles et à chacun d’entre nous de prendre leurs responsabilités.
Libérez Boualem Sansal !
A lire :
France: Gallimard appelle à la “ibération” de Boualem Sansal après son “arrestation” en Algérie
La Croix / Boualem Sansal, écrivain à la liberté d’esprit audacieuse, porté disparu en Algérie
Écrire devient plus dangereux que de larguer des bombes sur des civils.