L'auteur pyrénéen Christian Louis me parle de son dernier livre " La hache et le fusil"
Entretien
C'est toujours un moment empreint de ravissement que de converser avec l'auteur pyrénéen, Christian Louis, lors de la parution de ses romans. Ce rendez-vous printanier annuel, tant attendu, enchante ses innombrables lectrices et lecteurs, qui trouvent en ses récits une source d'évasion et de fascination. Aujourd'hui, il me fait l'honneur de répondre à mes questions au sujet de son dernier ouvrage, "La hache et le fusil".
Je vous invite également à découvrir, en clôture de cet entretien, le film réalisé par notre ami commun, Gérard Quintana, pour annoncer la sortie de ce recueil de nouvelles.
Vous pourrez vous procurer "La hache et le fusil" dans toutes les librairies de la région, lors des nombreuses séances de dédicace organisées à l'occasion des salons littéraires, des conférences, ou encore dans les rayons "livres" des supermarchés, afin de plonger dans l'univers captivant de Christian Louis.
Paul Tian : Après cette période d'hibernation bien méritée (sourire), vous faites un retour remarqué dès l'arrivée du printemps avec votre nouveau recueil "La hache et le fusil". Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce recueil ? Il s'agit plutôt d'une suite de nouvelles ou d'un roman à proprement parler ?
Christian Louis : Initialement, il s’agissait d’un roman historique sur un crime perpétré dans un petit village : Frontignan de Comminges au tout début du 20 ème siècle. Comme toujours, quelque soit le livre, j’effectue des recherches sur le contexte. Voilà que je découvre, dans les archives de cette commune, un étrange registre qui contient les procès verbaux des affaires communiquées à la justice tout au long du 19ème siècle. Une aubaine. Ce n’est plus un seul et unique homicide qui m'apparaît, mais de très nombreux faits délictuels. J’en sélectionne 37 que j’approfondis et pour chacun, j’écris une nouvelle en essayant d’être au plus près d’une vérité historique sur les activités, le nom des habitants, la localisation des maison (j’ai reconstitué pour ce faire, le plan du village en situant les personnages), les habits, les expressions langagières, la nourriture, les coutumes, les croyances, les problèmes de l’eau, les animaux, les aléas climatiques, les rapports à l’ours, les relations avec l’administration impériale, puis royale, puis de la République. J'élargis le champ en donnant le décor local et national de ce siècle de grand tumulte. Ce faisant, je passe du local au global, de l’anecdotique à l’universel, celui du rapport des hommes entre eux, du rapport au travail, à la solidarité, à la violence.
Paul Tian : Sur quel territoire pyrénéen se déroulent ces différentes histoires de crimes ?
Christian Louis : Les nouvelles se déroulent à Frontignan-de-Comminges, Antichan, Ore et Fronsac. Les autres faits divers se situent dans une zone qui englobe Luchon, Montréjeau, Boulogne sur Gesse, Saint-Gaudens, Aspet, Boussens, Cazères et de très nombreux petits villages, bref toute la partie sud du Comminges. Les lecteurs vont découvrir qu’il s’est passé des drames dans leur coin !
Paul Tian : Il semble que vous ayez effectué un travail de recherches conséquent dans les archives pour donner vie à votre recueil. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce processus de recherche et sur la manière dont vous avez intégré ces éléments dans vos histoires ?
Christian Louis : Le point de départ est donc ce registre des procès verbaux de la commune de Frontignan. Déchiffrer l’écriture et le vocabulaire, comprendre certaines expressions. Ensuite, j’ai dû bien repérer les personnages, car à l'époque, plusieurs portaient le même nom et le même prénom sans lien de parenté.
Ensuite, je me suis plongé dans les registres de compte-rendus du conseil municipal pour valider certaines données.
Puis, j’ai travaillé le plan du village en 1830 avec ses numéros de parcelles (maisons, jardins, cours, prés, vergers, champs…). J’ai épluché tous les documents du cadastre local pour repérer les propriétaires, les changements d’attributions, achats, ventes.
Cela m’a permis de dresser la carte de la localisation des familles. Je pouvais donc savoir où précisément s’était déroulé le fait divers attesté par le PV. Je me suis souvent rendu sur place pour chercher des traces d’indices matériels existant encore. Et j’en ai trouvé beaucoup. Tout ce matériau m’a servi pour l’écriture, pour bâtir les situations, les dialogues. Souvent, j’ai dû consulter des ouvrages historiques pour répondre aux questions que je me posais sur des détails de l’histoire (vêtement, outils, nourriture…).
Réflexe d’universitaire, je donne une bibliographie en fin d’ouvrage.
Pour construire le contexte local, j’ai recherché la presse de l’époque, les divers journaux conservés aux Archives Nationales. J’ai lu une quantité phénoménale de canards pour trouver ce qui m’intéressait. Bien sûr, j’avais sur mon bureau, quelques objets d’époque pour mieux ressentir, mieux exprimer : plume, encrier, vieilles lunettes, pots, encrier, outils, anciennes lettres...
Le reste, une fois que le réservoir est plein, demeure la passionnante aventure de l’écriture, du ciselage des mots et des phrases qui viennent naturellement, qui coulent de source, comme l’eau qui surgit du ventre de la terre, des entrailles de Pyrène.
Paul Tian : Avec la sortie de votre nouvel ouvrage, vous allez sans doute reprendre votre "bâton de pèlerin" en tant qu'écrivain pour participer à de nombreuses séances de dédicaces, conférences et salons du livre. Quels sont vos projets de promotion pour "La hache et le fusil" ?
Christian Louis : La mise en lumière du livre est le fait de journalistes et de correspondants de presse des divers supports locaux, régionaux et web.
Il est même un fameux blog très lu qui me pose des questions à chaque parution, n’est-ce pas, Paul ?
Comme pour "Le Pic Maudit" publié par TDO Editions, j’ai eu la chance de voir Gérard Quintana inventer de toute pièce un petit film et le réaliser.
Le deuxième support de promotion est une présence sur les réseaux sociaux. Je publie des vidéos, des photos, des pièces d’archives pour offrir un peu des coulisses.
Une dimension qui m’est chère car émouvante, c’est le bouche à oreille de lecteurs qui recommandent mes livres.
Enfin et surtout, la rencontre physique est essentielle lors de conférences et de séances de signature.
C’est une partie très agréable de l’aventure. J’ai la chance d’avoir un lectorat éminemment sympathique qui me manifeste des gestes d’amitié. Les séances de dédicace se veulent un retour presque d’affection.
Paul Tian : Pourriez-vous nous communiquer les premières dates auxquelles vos lectrices et lecteurs pourront vous rencontrer lors de séances de dédicaces ou de salons du livre ?
Christian Louis : La première sortie sera pour le Salon du Livre de Ciadoux animé et organisé par le dynamique Guy Mothe et toute son équipe, ce dimanche 21 avril. Ensuite viendront les signatures à Frontignan de Comminges (sur le site des crimes…), chez les libraires du Comminges. Je donnerai les lieux et les dates sur ma page FaceBook.
Pour les conférences déjà programmées :
* Mardi 7 mai à la Bibliothèque de Labarthe de Neste (15 h);
* Samedi 18 mai : Salle des Fêtes de Galié (18 h)
(les suivantes seront indiquées également sur ma page FaceBook).
Outre Ciadoux, je serai présent sur de nombreux Salons du livre :
* Thermes Noir à Encausse les Thermes (8 et 9 juin) ;
* Ecrivains au Marché d’Aurignac (29 juin) ;
* Salon de Mirepoix (Ariège) (7 juillet) ;
* Salon de Seix (Ariège) (21 juillet) ;
* Salon du Livre de Soueix-Rogalle (Ariège)
*Salon du Livre Escola Febus Luchon (16 août)
etc...
Paul Tian : La sortie de votre livre est accompagnée d'un film réalisé par notre ami commun, Gérard Quintana. Pourriez-vous nous parler de votre collaboration avec lui et de la manière dont vous avez travaillé ensemble sur ce projet ?
Christian Louis : Gérard déborde d’idées. Sa créativité est vive, inspirée, foisonnante. Il imagine sans avoir lu le livre. Je lui donne peu d’éléments. Nous avons circulé dans le village. Je lui ai montré l’église, son clocher, le cimetière, une des scènes du crime près d’un moulin, le titre du livre « La hache et le fusil », le registre des archives. Il me demande alors de jouer des scènes et je me prête au jeu. Il réalise le montage tout seul, comme il le sent.
Le résultat est toujours étonnant de vérité. C’est assez extraordinaire. Gérard Quintana est un artiste libre qu’il faut absolument laisser construire suivant sa sensibilité et ses intuitions. C’est un auteur sensible, esthète, qui maintenant imprime un style, une conception de l’image qui intègre subtilement la géométrie du paysage.
Chaque tournage est un plaisir ludique, quasi enfantin. J'apprécie grandement ses films.
Paul Tian : Et enfin, comme c'est devenu une tradition lors de nos entretiens, je ne peux pas m'empêcher de vous poser la question rituelle : avez-vous déjà un nouveau roman en cours de préparation ?
Christian Louis : Bien sûr. Je suis à peu près au 2 cinquième de mon prochain polar qui sortira en septembre chez TDO Éditions. Les lecteurs retrouveront la lieutenante Blandine Pujol, le journaliste Vincent Darbon et tous les personnages récurrents, plus, bien sûr, les victimes d’un tueur pervers et des faux coupables. Ils se baladeront encore dans les Pyrénées des petites villes, des villages, des vallées, des forêts, des prairies, des refuges, des pics, des grottes...toujours entre le Couserans, la Bigorre, le Comminges et le Val d’Aran. Et, Paris ainsi qu’une ville de l’Essonne : Étampe. Frisson garanti.
Sitôt le polar entre les mains de l’éditeur et de son équipe, j’attaquerai, toujours dans cette alternance, un roman historique qui se passe pendant l’occupation allemande de notre Comminges.
J’ai terminé le travail de recherche et de décryptage d’archives de la Bibliothèque Nationale de France, pour ma prochaine aventure de l'ingénieur Jean-Baptiste Cathérinot, dans les années 1760.
Autant dire que mon bureau est encombré pour ces démarrages d’écriture qui se poursuivent ensuite dans ma grange perdue dans la montagne de Barousse et dans mon chalet face aux Pyrénées, deux lieux très différents et très inspirants.
Quoi mieux qu'être immergé dans nos Pyrénées pour les raconter ?
(Photos : Facebook @Christian Louis)