(Photo © Paul Tian)
Il y a cette façon particulière de laisser tomber ses épaules quand on s’installe dans la chaise longue rayée. Comme si tout le poids de la semaine se répandait lentement sur le béton tiède.
Les parasols bleus de la ville dessinent des ronds d’ombre parfaits, et on se dit que la ville de Vevey a eu une idée cool, cette histoire de plage urbaine au bord du Léman.
Elle a sorti son livre – Pete Fromm, Avant la nuit – mais les pages restent fermées sur ses genoux. Il fait trop beau pour les histoires des autres.
Ses lunettes de soleil glissent légèrement. Elle ne les remonte même pas. À quoi bon ? Personne ne vous regarde vraiment, ici. Chacun vaque à son petit bonheur d’été.
À côté, sa voisine de transat mâchonne paresseusement sa glace caramel beurre salé / cannelle.
— Tu as vu, ils ont remis les bateaux à l’eau, dit-elle en désignant le ponton d’un mouvement de menton.
Conversation de plage : mots minimum, effet maximum. On acquiesce, on sourit.
Le lac scintille comme du papier d’argent froissé.
Les enfants passent en trottinette, leurs parents traînent des pieds dans des tongs qui claquent sur le sol. Un jogger s’obstine dans la chaleur — on le plaint un peu, secrètement.
Nous, on a choisi le camp de la mollesse assumée. La sieste debout. Un art de vivre.
Il y a cette musique particulière de l’été urbain : le clapotis contre les coques, les conversations qui se mélangent, le froissement des pages qu’on ne tourne pas.
Et cette certitude délicieuse qu’on n’a absolument rien d’autre à faire que d’être là, maintenant, dans cette parenthèse parfaite entre le bureau et la vraie vie.
Vevey Plage, c’est l’art de transformer un bout de rive en bout de vacances.
Pas besoin de partir loin. Il suffit parfois d’une chaise longue et d’un parasol municipal pour que le monde redevienne doux.
Nous y étions la semaine dernière.le village de Charlie Chaplin est sympa et le prix de la vie aussi !!