Journées sans portable : l'impossible déconnexion ?
En 2001, Phil Marso, cet auteur de polar, pour le moins visionnaire, a posé les bases d'une initiative étonnante (pour l’époque) : les Journées mondiales sans portable. Alors que ces journées débutées samedi dernier touchent à leur fin aujourd'hui, 6 février, il est difficile de ne pas reconnaître la perspicacité de Phil Marso, qui a anticipé les implications de notre relation croissante avec les téléphones portables.
En 2001, les téléphones portables, encore dépourvus du titre de "Smartphone", étaient limités à des fonctions basiques telles que les appels téléphoniques et les messages courts de 160 caractères. À l'époque, l'idée de se passer de ces appareils semblait anodine, voire absurde. Cependant, 23 ans plus tard, la question cruciale est de savoir qui peut réellement se passer de son téléphone pendant trois jours, alors qu'il est devenu un appendice quasi indispensable de notre corps, rivalisant parfois en termes de temps consacré avec nos proches.
L'utilisation du téléphone a considérablement évolué au fil des ans. Si les appels téléphoniques persistent, l'activité prédominante est désormais le temps passé sur des plateformes de médias sociaux telles que Facebook, Twitter, TikTok, Instagram, et YouTube, regarder un match de foot, un film, une série…
Cette transition soulève des préoccupations quant à la dépendance exponentielle envers ces petites machines omniprésentes.
Des études récentes ont mis en lumière les préoccupations croissantes concernant la santé mentale des utilisateurs, en particulier des jeunes. L'immersion constante dans le monde virtuel des médias sociaux, associée à une utilisation compulsive du téléphone, a été liée à des problèmes tels que l'anxiété, la dépression, la solitude et une diminution de la qualité du sommeil.
Certains résistent encore à cette marée numérique, mais leur nombre est insignifiant par rapport à la majorité qui embrasse pleinement cette dépendance. Phil Marso, conscient de cette réalité, explique : "L'idée n'est pas de couper son téléphone, car en 2024, c'est pratiquement impossible, mais d'avoir une réflexion sur cet outil qui nous accapare."
Ces Journées mondiales sans portable encouragent une introspection collective sur notre utilisation des smartphones. Il ne s'agit pas seulement de déconnecter physiquement, mais plutôt de remettre en question notre relation avec ces dispositifs devenus omniprésents.
Depuis samedi, avez-vous réussi à vous affranchir de l'emprise de votre téléphone ? Personnellement, je réponds par la négative…
Ces journées sont toutefois une bonne opportunité pour évaluer notre dépendance numérique et réfléchir à la manière dont ces écrans influent sur notre vie quotidienne et notre bien-être mental.
(Photo © Paul Tian)