Je me souviens avec une pointe de nostalgie de l'arrivée étonnante de notre premier réfrigérateur, de la marque "Frigidaire", véritable icône à cette époque lointaine. Il trônait solennellement, isolé, dans le vaste couloir de notre appartement, se présentant non seulement comme un appareil domestique, mais quasiment comme une "œuvre d'art". Les amis de mes parents, mais aussi mes petits copains, venaient l'admirer avec étonnement et parfois même une petite pointe de jalousie, car seuls trois ou quatre "frigidaires" avaient été livrés dans la ville par le vendeur exclusif de la marque.
Je me souviens que cet équipement novateur, considéré comme une véritable révolution dans le contexte du sud de l'Algérie, aux portes du Sahara, signifiait la fin inéluctable de notre vieille glacière. Celle-ci était alimentée trois fois par semaine par un immense bloc de glace que le livreur transportait sur son dos jusqu'au deuxième étage, où se situait notre logement. Ce même livreur était aussi celui qui, durant les rigueurs de l'hiver, nous apportait les sacs de charbon pour nourrir notre chaudière. Dans cette région de hauts plateaux où j'ai vu le jour, la neige et le froid étaient une réalité pendant ces périodes hivernales, bien éloignées des images idylliques de l'Algérie méditerranéenne.
Aujourd'hui, au moment où je me plonge dans le récit de mon enfance au cours de la guerre d'Algérie, ces souvenirs s'entremêlent et me permettent ainsi de garder un lien avec mes origines...