Il y a 62 ans, le grand écrivain algérien Mouloud Feraoun était assassiné par les terroristes de l'OAS
Le 15 mars 1962, à seulement trois jours de la signature des accords d'Evian, un événement terrible a marqué la Guerre d'Algérie et a coûté la vie à l'un des plus grands écrivains algériens, Mouloud Feraoun.
Ce jour-là, un commando de l’Organisation de l'Armée Secrète (OAS), dirigé par Roger Degueldre, un lieutenant fervent défenseur de l’Algérie française et fondateur des commandos Delta, a perpétré une attaque lâche contre Feraoun et cinq autres inspecteurs des centres socio-éducatifs : Ali Hamoutène, Max Marchand, Robert Eymard, Salah Ould-Aoudia et Marcel Basse.
L'OAS était une organisation terroriste d’extrême-droite qui pratiquait la politique de la terre brulée pour tenter de maintenir la présence française en Algérie. Fondée en 1961, l'OAS a mené une campagne de violence et de terreur contre les Algériens, les Français et les autorités françaises, visant à saboter les négociations de paix et à empêcher l'indépendance de l'Algérie.
Mouloud Feraoun, écrivain et intellectuel engagé, ami d’Albert Camus, avait quitté sa ville natale de Tizi-Hibel pour s’installer à Alger, se sentant menacé par l’armée coloniale. Il vivait dans la crainte constante de sa mort imminente, conscient de ses appréhensions et de son sentiment d’insécurité croissante.
Dans son Journal, la veille de son assassinat, le 14 mars 1962, il a écrit, ce texte prémonitoire :
“Bien sûr je ne veux pas mourir et je ne veux absolument pas que mes enfants meurent mais je ne prends aucune précaution particulière en dehors de celles qui, depuis une quinzaine, sont devenues mes habitudes : limitation des sorties, courses pour acheter 'en gros', suppression des visites aux amis. Mais chaque fois que l’un d’entre nous sort, il décrit au retour un attentat ou signale une victime.”
Mouloud Feraoun était un écrivain talentueux et prolifique, dont les œuvres ont eu un impact profond sur la littérature algérienne. Ses romans, tels que “Le Fils du pauvre” et “La Terre et le Sang”, ont exploré les thèmes de l'identité, de la culture et de la justice sociale, et ont contribué à façonner la conscience nationale algérienne.
L'assassinat de Mouloud Feraoun et de ses collègues fut un crime contre l'humanité. Il marqua la fin tragique d'une vie consacrée à l'éducation et à la justice sociale.
Mouloud Feraoun est considéré comme l'un des écrivains les plus importants de l'Algérie.
“Pourquoi Mouloud Feraoun ? Parce que, ayant reçu le don d’écrire, il avait, lui, un raton, l’audace de l’exercer. Parce qu’il osait conter son enfance pauvre et son pays, son attachement à ses amis et à sa patrie, et que cette liberté représentait à elle seule un outrage intolérable et une provocation à l’égard des seigneurs de l’O.A.S. (Jules Roy)
(Photo : Wikipedia)