Le premier livre que je dévoile dans mes “Fragments de lecture” est Robinson Crusoé de Daniel Defoë. Mais pas n’importe quelle édition. Celle que j’ai tenue entre mes mains pour la première fois, enfant, était une édition de 1946, publiée par René Rasmussen, dans la collection Reflets.
Ce livre appartenait à mon père, et très tôt, il est devenu un trésor entre mes mains d’enfant curieux.
J’avais 7 ou 8 ans lorsque je l’ai lu pour la première fois. C’était en Algérie, en plein cœur de la guerre d’indépendance. Le monde autour de moi était marqué par des bruits sourds, des tensions que je ne comprenais pas toujours, mais qui pesaient sur le quotidien.
Pourtant, à chaque fois que j’ouvrais ce livre, l’univers basculait. Je ne voyais plus les rues de mon enfance, ni les inquiétudes des adultes. J’étais sur une île déserte, loin de tout, avec Robinson Crusoé pour guide.
Ce livre a été une véritable passion, peut-être même la plus marquante de mon enfance.
Chaque page était une porte ouverte vers un ailleurs fascinant, un espace de liberté où tout pouvait être inventé, construit, conquis. L’histoire de Robinson, confronté à la solitude et aux défis d’une île sauvage, résonnait profondément en moi.
Dans un monde troublé par les drames de l’Histoire, ce récit m’offrait l’évasion dont j’avais tant besoin.
Je dois avouer que, dans cette période de mon enfance bouleversée par les affres de la guerre, la lecture est devenue mon refuge le plus intime, mon sanctuaire secret.
Robinson Crusoé n’était pas seulement un livre : c’était une bouée jetée dans une mer agitée, un phare dans une nuit trop sombre.
Aujourd’hui encore, ce livre garde une place particulière dans mon cœur, non seulement pour ce qu’il raconte, mais pour ce qu’il m’a offert à un moment où j’en avais tant besoin : une fenêtre vers un monde où les rêves étaient encore possibles.
A lire sur ma newsletter : Fragments de lecture : mon voyage littéraire personnel
Je n’ai jamais lu ce classique, mais les versions de la vie sauvage et des limbes du pacifique de Michel Tournier que la scolarité m’avait mis entre les mains. Pas d’échappatoire exotique et merveilleux à mon pourtant peu exotique quotidien de jeune Périgordin des années 80, mais la découverte que les mythes sont puissants et qu’il y a mille version de les raconter. Et que la littérature nous élève vers nous même…