Fragments de lecture : Racines, un cri d’humanité face à l’épreuve (4)
Une lecture qui a marqué ma trentaine et donné un sens différent à mes voyages.
En ce mois de décembre, ma chronique quotidienne, "Fragments de lecture", m’entraîne dans un voyage entre deux époques de ma vie de lecteur. D’un saut au-dessus des âges, je quitte mes premières lectures d’enfance pour me plonger dans un souvenir marquant de ma trentaine : la découverte de Racines d’Alex Haley, ce chef-d’œuvre qui, en 1976, remporta le prestigieux Prix Pulitzer avant de s’épanouir sous la forme d’une adaptation télévisée bouleversante.
Racines n’est pas qu’une fresque familiale qui s’étend sur deux siècles. C’est l’histoire universelle de l’humanité, une mémoire collective à travers les épreuves de millions d’hommes et de femmes arrachés à leur terre, privés de leur liberté, mais jamais de leur dignité.
Alex Haley a su donner une voix à ces anonymes par le biais d’une légende familiale portée de génération en génération, une épopée qui commence en Gambie, avec Kunta Kinté, son aïeul enlevé par des négriers.
Cette histoire est celle d’une résistance, d’abord physique et morale, puis culturelle. Lorsque Kunta Kinté, mutilé, ne peut plus s’échapper, il fait de sa mémoire une arme.
Ne pas oublier ses racines, transmettre à ses descendants les souvenirs de sa culture et de ses ancêtres, même au prix d’un exil où l’identité originelle se dilue dans les métissages et les contraintes du Nouveau Monde.
Alex Haley nous conte ainsi, avec une précision captivante, l’horreur des cales des navires négriers, les luttes pour la survie, mais également l’ingéniosité et la force indomptable des esclaves, capables de transcender leur condition pour réclamer leur humanité.
Je me souviens de l’impact qu’eut Racines lorsque je vivais dans les îles de l’Océan Indien, marquées à jamais par l’histoire de l’esclavage.
Ces terres où le commerce triangulaire laissa des cicatrices profondes, visibles encore aujourd’hui dans les fractures des sociétés. L’œuvre de Alex Haley résonnait avec l’histoire de ces lieux, un rappel puissant des tragédies passées et des luttes actuelles.
Alex Haley ne s’est pas contenté d’imaginer cette histoire ; il l’a cherchée, déterrée, ressuscitée. En se glissant dans la cale d’un bateau pour revivre symboliquement le voyage de ses ancêtres, il a voulu comprendre, dans sa chair, l’effroi, l’humiliation, le vertige des corps entassés comme de simples marchandises.
Ce travail de mémoire est d’autant plus poignant qu’il redonne une voix et une dignité à des générations déportées, battues, mutilées, affamées, mais toujours debout.
De l’époque de la traite des Noirs au XVIIème siècle jusqu’à l’abolition, en passant par la guerre de Sécession, la ségrégation et les luttes modernes pour l’égalité, chaque chapitre de ce livre est une leçon d’histoire.
Mais plus encore, Racines est une ode à l’humanité : elle illumine les combats individuels pour conserver son nom, sa langue, sa vérité d’homme.
Aujourd'hui encore, Racines demeure un oeuvre indispensable. Elle doit figurer dans toutes les bibliothèques et, surtout, être lue et transmise.
Non pas seulement pour évoquer un passé révolu, mais pour comprendre, à travers la poignante réalité quotidienne de ces vies dérobées, ce que signifie vraiment être humain.
Alex Haley souligne que, dans tout ce qui est essentiel, nous sommes semblables, comme des gouttes de pluie. Cette réflexion capture l’essence de Racines, et offre un rappel poignant de notre humanité partagée, au-delà des différences et des injustices de l’histoire.
Car si la mémoire a un rôle, c'est bien celui de nous rappeler ce que nous ne devrions plus jamais laisser se reproduire.
Hélas, les défis actuels nous montrent que cette leçon reste d'une brûlante actualité.
Bonsoir Monsieur Paul Tian , je suis contente de vous faire savoir que je viens de commander votre livre "sirroco et pasteque "
a cette époque j'etait très jeune et nous avions un voisin qui a fait cette guerre d'algérie, mais
j'ai compris , malgré mon jeune âge , ce qu'une guerre pouvais faire comme dégat , également moralement !
j'ai hate de le recevoir , car je vais malgrés la guerre y sentir du soleil et du dépaysement !