Désert médical : dans ce département, des maires interdisent à leurs administrés... de tomber malade
Dans ce département rural de la Nièvre, la pénurie médicale pousse les maires à des mesures aussi symboliques que désespérées.
Dans la Nièvre, département rural d’environ 200 000 habitants, tomber malade relève de la roulette russe. Avec seulement 68 médecins pour 100 000 habitants, loin derrière la moyenne nationale de 121, le territoire s’est imposé, tristement, comme l’un des pires déserts médicaux de France.
Une situation catastrophique que les maires locaux ont décidé de dénoncer avec un humour grinçant, en prenant des arrêtés symboliques... interdisant tout simplement à leurs concitoyens de tomber malades.
À Decize, petite ville de 5 600 habitants, la maire PS Justine Guyot a pris un arrêté “interdisant formellement” aux habitants de contracter une quelconque maladie, faute de pouvoir bénéficier d’une prise en charge médicale.
“Il est interdit de tomber malade, sous peine de n’avoir aucune assistance”, lit-on dans l'arrêté. Un geste qui, derrière l'ironie, reflète une colère bien réelle, tant “la situation est très grave”.
Et elle n'est pas la seule à tirer la sonnette d'alarme : depuis, une vingtaine de communes ont suivi son exemple…
La désertification médicale est telle qu’un “pont aérien” a été mis en place en 2023, acheminant chaque semaine, depuis Dijon, un petit bataillon de médecins pour renforcer l’hôpital de Nevers. Mais même ces renforts ne suffisent pas : les urgences de l’hôpital, qui tournent avec 6 médecins au lieu des 27 nécessaires, ont dû fermer à plusieurs reprises, laissant parfois toute la Nièvre sans service d’urgences.
Alors, peut-être est-il vraiment plus sage de ne pas tomber malade en Nièvre. Mais en attendant, il semble que les élus locaux, eux, ont bien décidé de continuer à se battre, ne serait-ce qu'avec un peu d'humour noir.
(Source : France Bleu Bourgogne)