Cyclone Chido : quand Pau passe avant Mayotte pour François Bayrou
La décision du Premier ministre d’assister au conseil municipal ordinaire à Pau, alors que Mayotte traverse une catastrophe humanitaire sans précédent, provoque une indignation politique et populaire.
(Photo : capture écran France 24)
François Bayrou, fraîchement nommé Premier ministre, a déclenché une vague d’indignation ce lundi 16 décembre. Alors que Mayotte est plongée dans une crise humanitaire sans précédent après le passage du cyclone Chido, qui a causé des dizaines de morts et laissé des milliers de sinistrés, le nouveau chef du gouvernement a choisi de se rendre à Pau pour présider un conseil municipal ordinaire, reléguant la catastrophe mahoraise au second plan.
Priorité locale face à tragédie nationale
Plutôt qu’une intervention d’urgence ou un déplacement à Mayotte, François Bayrou a préféré honorer un engagement bien plus banal : un conseil municipal dans sa ville de Pau, où il est maire depuis dix ans.
À l’ordre du jour ? Des dossiers locaux, tels que des subventions à des associations et des projets d’investissement pour 2025.
Cette décision a d’autant plus choqué que, presque simultanément, une réunion de crise était convoquée au ministère de l’Intérieur, sous la houlette d’Emmanuel Macron, pour coordonner les secours et les réponses à la catastrophe.
Si l’entourage du Premier ministre a assuré qu’il participerait à la réunion en visioconférence, le symbole est quand même lourd :
Le chef du gouvernement préfère s’occuper de son fief béarnais plutôt que de s’impliquer pleinement dans la gestion de l’une des pires tragédies survenues sur le territoire français.
Pourtant, l’archipel de Mayotte, déjà fragilisé par une pauvreté endémique, vit un véritable cauchemar : des dizaines de morts, des habitations rasées, et des milliers de familles plongées dans le désespoir.
Sans compter que le bilan humain pourrait encore s’aggraver, mais cela n’a manifestement pas pesé assez lourd pour figurer en tête des priorités du Premier ministre.
Vague d’indignation politique
À gauche comme à droite, les critiques ont fusé. “Pendant que Mayotte traverse une tragédie humanitaire, le Premier ministre choisit d’assister à un conseil municipal banal. Où est le respect pour les Mahorais ?”, a dénoncé Arthur Delaporte (PS).
Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, quant à lui, n’a pas mâché ses mots, qualifiant Bayrou de “Haut-commissaire à son plan de carrière”.
De son côté, Thibault Bazin, député LR, a déploré l’attitude du Premier ministre :
Le conseil municipal de Pau pouvait attendre, face à l’urgence absolue de la situation à Mayotte.
Ce sentiment d’abandon est encore plus aigu du côté des élus mahorais, qui n’ont pas caché leur amertume.
“Mayotte ne serait-elle pas assez française pour mériter l’attention pleine et entière du Premier ministre en ce moment critique ?”, interroge une conseillère départementale.
Un précédent qui fait polémique
Le choix de François Bayrou soulève aussi une question institutionnelle : peut-on vraiment diriger la France tout en restant maire d’une ville ?
Contrairement à ses prédécesseurs – Jean Castex, Édouard Philippe ou Jean-Marc Ayrault – qui avaient immédiatement abandonné leurs responsabilités locales, François Bayrou a décidé de cumuler les fonctions.
Cette double casquette est inédite à ce niveau depuis Jacques Chirac, maire de Paris et Premier ministre dans les années 1980, mais le contexte de l’époque était bien différent.
Aujourd’hui, alors que la France traverse de multiples crises – climatique, économique et sociale – et que la catastrophe de Mayotte devrait nécessiter une attention archi-prioritaire, ce choix est perçu comme un signal de grande indifférence.
Déjà hors sol ?
En choisissant de privilégier son rôle local à Pau, François Bayrou semble avoir sous-estimé l’importance symbolique de sa nouvelle fonction. Premier ministre, il est censé incarner l’unité et la solidarité nationale.
En ignorant la douleur des Mahorais, il donne l’impression que ces derniers sont laissés pour compte, renforçant un sentiment de marginalisation déjà profondément ancré dans l’archipel.
Pour un Premier ministre qui entame son mandat, cette décision ressemble à un faux départ. Elle risque non seulement de fragiliser son image, mais aussi de créer une fracture politique, voire morale, entre Paris et les territoires ultramarins.
François Bayrou, en faisant le choix de Pau plutôt que de Mayotte, a peut-être voulu montrer qu’il reste un homme de terrain. Mais face à l’urgence et à la gravité de la situation, cette posture semble avant tout témoigner d’un profond décalage entre ses priorités personnelles et les attentes d’un pays confronté à une tragédie.
Un choix que les Mahorais – et une grande partie des Français – auront bien du mal à oublier.
(Photo : capture écran RTBF Info)
Égal à lui même depuis plus de 50 ans
Personne ne l’apprécie mais il est toujours là opportuniste je n’y comprends plus rien à ce monde de politiciens carriéristes qui ne pensent jamais à leurs concitoyens !
je ne défend personne , car ils sont tous vermoulu mais il me semble que Mr Retaillau y est parti hier (pour info )