Constat : les Français, champions européens de la cigarette illégale
Alors que la France possède l'une des fiscalités sur le tabac les plus sévères d'Europe.
La France, pays des droits de l'Homme et… championne européenne de la consommation de cigarettes de contrebande et de contrefaçon.
Selon une récente étude du cabinet KPMG commandée par Philip Morris, les Français ont consommé en 2023 pas moins de 16,8 milliards de cigarettes illégales.
La contrebande, phénomène en pleine expansion
En 2012, seuls 21 % des cigarettes fumées en France provenaient du marché parallèle. Onze ans plus tard, ce pourcentage a doublé, atteignant 43 % en 2023. Avec une telle envolée, la France décroche la première place européenne en matière de cigarettes illicites, contribuant à près de 50 % des contrefaçons consommées sur tout le continent.
Une lutte gouvernementale insuffisante ?
Face à ce fléau, le gouvernement français a tenté de réagir. Depuis 2023, un plan national de lutte contre les trafics de cigarettes, coordonné par Bercy et prévu pour s'étendre jusqu'en 2025, a permis la saisie de dizaines de tonnes de tabac.
Mais ces efforts semblent bien pâles face à l'ampleur du phénomène. En dépit de cette politique répressive, les résultats ne sont guère encourageants.
Et selon le cabinet KPMG, cette tendance n'est pas près de s'inverser.
Manque à gagner colossal pour l'État
La France possède pourtant l'une des fiscalités sur le tabac les plus sévères d'Europe, mais cela ne semble pas suffire.
En 2023, l'État a ainsi vu lui échapper 7,26 milliards d'euros, dont 2,7 milliards directement liés à la contrefaçon. L'augmentation du prix des paquets n'a fait qu'alimenter le marché parallèle, désormais estimé à 2 milliards d'euros.
La stratégie fiscale actuelle, visant à décourager les fumeurs, a surtout fait prospérer… l'économie souterraine du tabac.
Quelle moralité ?
Alors, que penser de cette situation ? Les chiffres sont parlants : près d'un fumeur français sur deux choisit d'enfreindre la loi en achetant des cigarettes en dehors du circuit légal.
Ce comportement, bien qu'en partie motivé par le prix élevé du tabac, peut quand même interroger notre moralité collective, non ?
En tant que plus gros consommateurs de cigarettes de contrebande en Europe, nous donnons ainsi l'image d'une société où l'illégalité est non seulement tolérée, mais largement adoptée.
Petite note personnelle : cela fait bientôt vingt-cinq ans que j’ai tiré ma dernière bouffée. À l’époque, le tabac de contrefaçon n’était pas un sujet de conversation ; on allait simplement chez le buraliste, pour voir nos francs s’évanouir en fumée. Mon choix, c’était le tabac danois pour mes pipes et le cigare. Contrairement à ces anciens fumeurs devenus intransigeants, presque militants, je n’ai aucun problème à ce que l’on fume autour de moi. Cela ravive même parfois de doux souvenirs, ceux d’un temps où, installé à mon bureau en début d’après-midi, je dégustais mes cafés et allumais ma pipe, prêt à noircir des pages entières. Une autre époque, un autre souffle.