Confession littéraire : le manuscrit, la correctrice et mes angoisses
Confier MON "Sirocco et Pastèque" : un voyage entre angoisse et soulagement.
Je vous livre aujourd'hui une confession, un moment d'hésitation, presque d'angoisse, que seuls les auteurs ou peut-être les jeunes parents comprendront pleinement. Pour la première fois de ma "carrière" d'écrivain en devenir, j'ai confié mon manuscrit, Sirocco et Pastèque, à une correctrice.
Ah, je vous vois sourire d'ici !
Oui, je sais, cela peut sembler banal pour certains. Mais pour moi, c'était comme confier mon bébé... à une parfaite inconnue.
Vous voyez le tableau, non ?
On se dit : "Et si elle n'en prend pas soin ? Et si elle ne le comprend pas ?" Et là, je sens que je vous perds... Vous pensez que j'exagère. Mais attendez de savoir la suite.
Tout commence par un conseil avisé d'une amie auteure/journaliste/écrivaine (elle cumule les casquettes comme moi les points d'interrogation). Elle me recommande K., correctrice professionnelle. Très bien, me dis-je, après tout, il faut bien passer par là.
Alors, je contacte K. Et surprise, elle est charmante, rassurante même, professionnelle à souhait.
Tout se passe bien... du moins en surface.
Parce que dans les tréfonds de mon être d'auteur, là où l'ego et la peur du jugement se côtoient, une petite voix s’élève :
“Es-tu vraiment prêt à ce qu’un regard extérieur se pose sur ton récit intime, ce récit que tu as pondu parfois à contrecœur, déballant des souvenirs d'enfance dans l’Algérie de la guerre, des pans de ta vie que tu n’avais pas toujours envie de revisiter ?”
K., très professionnelle, évidemment, me demande de lui envoyer le manuscrit pour évaluer la tâche.
Vous imaginez la scène ?
Moi, au bord de l'étouffement, prêt à avaler de travers mon clavier du MacBook.
Comment ?
Tout le manuscrit ?
D'un coup ?
Mais non, ce serait comme laisser quelqu'un lire votre journal intime avant que vous n'ayez eu le temps de cacher les pages les plus compromettantes !
Alors, dans une ultime tentative de résistance, je fais ce que tout auteur terrifié ferait : je lui envoie... le nombre de mots, une partie du premier chapitre, et la fin.
Bien sûr, cela ne pouvait pas suffire. K. insistait, elle avait besoin de TOUT le texte.
Il m’a fallu une semaine pour céder. Une semaine durant laquelle je tournais autour de l’idée comme un fauve dans une cage, me demandant si mon texte n’allait pas être démasqué avant même de devenir cet objet-livre que j’espère voir entre vos mains dans quelques semaines.
Et puis, un beau jour, j’ai pris mon courage à deux mains (et mon fichier Word aussi) et j’ai cliqué sur “Envoyer”.
À contrecœur, il faut bien l’avouer.
Le verdict est tombé il y a peu. Sirocco et Pastèque est de retour, et laissez-moi vous dire que K. a fait un travail remarquable. Sa relecture, ses suggestions, ses corrections ont sublimé le texte, et je ne regrette pas d'avoir franchi cette étape, aussi difficile fût-elle.
Je réalise maintenant que K. n'était qu'un maillon nécessaire dans cette longue chaîne qui mènera à la version finale du livre. Moi qui me pensais assez bon en orthographe, je dois reconnaître que cette étape n’était pas superflue, loin de là. Quel orgueil déplacé !
Et maintenant ?
Prochaine étape, direction le maquettiste pour la mise en page et la création de la couverture. Puis viendra l'heure pour ce “manuscrit fignolé” de partir chez l'imprimeur.
Bref, cet après-midi, j’avais envie de partager avec vous cette expérience un peu stressante – oser confier mon “bébé” à une correctrice. Mais finalement, je peux dire avec le recul que c’était la meilleure décision pour que Sirocco et Pastèque poursuive son parcours de livre !