Colère des maires en Haute-Garonne : "Ce n’est pas aux communes de payer le prix de l’incurie de l’État !"
Pour les maires, les coupes budgétaires risquent de provoquer une véritable casse sociale.
(Photo : X (anciennement Twitter) @SebVincini)
Les maires de France sont en ébullition. En Haute-Garonne, comme partout en France, de nombreux élus locaux ont manifesté leur indignation ce jeudi 7 novembre, à la suite des coupes budgétaires massives prévues par le gouvernement dans le projet de loi de finances 2025. À Toulouse, des maires de tout le département, toutes couleurs politiques confondues, ont uni leurs voix devant la préfecture pour dénoncer ces réductions drastiques dans les dotations de l’État aux collectivités territoriales.
Le gouvernement entend réaliser 11 milliards d’euros d’économies pour les collectivités locales, dont 5 milliards prélevés directement sur leurs dotations dès l’année prochaine.
Pour les élus, cette “ponction budgétaire d’une ampleur inédite” fait porter aux communes la responsabilité de rééquilibrer les comptes d’un État en déficit chronique depuis des décennies.
“Un sacrifice imposé aux territoires”
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, ne cache pas son mécontentement face à une mesure qui, selon lui, pénalisera injustement les collectivités locales exemplaires dans leur gestion.
“Avec les maires et les élus du département, notamment ceux de Toulouse Métropole, nous nous sommes rassemblés devant la préfecture de la Haute-Garonne afin de manifester notre colère et notre profond désaccord face à la ponction budgétaire d’une ampleur inédite prévue par l’État dans la prochaine loi de finances”, a-t-il déclaré, soulignant que les collectivités de Toulouse Métropole et de la ville de Toulouse perdront à elles seules 70 millions d’euros de recettes en 2025.
Pour Jean-Luc Moudenc, cette décision constitue une forme de “sanction” infligée aux collectivités locales qui, selon lui, ont pourtant prouvé leur capacité à gérer leurs finances de manière responsable, avec des budgets équilibrés.
“Les services publics des collectivités locales ne doivent pas être la variable d’ajustement du désordre des comptes de l’État”, a-t-il insisté.
Refusant de fermer symboliquement les hôtels de ville pour ne pas “compliquer la vie des concitoyens”, il a cependant averti que les services municipaux pourraient être touchés si les réductions de dotations se poursuivent.
“Une casse sociale à venir”
Sébastien Vincini, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, également présent lors de la manifestation toulousaine, s’inquiète des répercussions sociales et économiques de ces coupes. Selon lui, la réduction des dotations met en péril les politiques locales de solidarité et menace de plonger les territoires dans une crise sociale sans précédent.
“Les coupes budgétaires visant les collectivités territoriales auront des conséquences considérables sur la vie des gens, mais aussi sur tout le tissu économique et associatif… Le budget 2025 du gouvernement Barnier, tel qu’il se profile, va broyer les collectivités territoriales et ce qu’il reste des politiques de solidarité dans notre pays. Nous aurons un pays à l’arrêt et une casse sociale en conséquence !”
À mesure que l’inquiétude monte, les maires tentent de mobiliser leurs concitoyens, arguant que la réduction des services de proximité et des projets locaux pourrait impacter directement leur quotidien.
En Haute-Garonne, plusieurs mairies ont symboliquement fermé leurs portes ce jeudi pour marquer l’opposition des élus.
Carole Delga : “Les collectivités locales n’ont pas à payer pour l’État”
Le mouvement de protestation des maires a également reçu le soutien de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. Elle a réaffirmé son engagement à défendre les collectivités contre ce qu’elle considère être une injustice.
“Je soutiens les maires… les collectivités locales sont bien gérées, elles n’ont pas à payer, de manière injuste, pour la mauvaise gestion fiscale et budgétaire de l’État”.
Vers un bras de fer entre l’État et les collectivités
Alors que le projet de loi de finances 2025 sera bientôt examiné par les députés, l’inquiétude des élus locaux ne cesse de croître. Ces derniers craignent que les coupes budgétaires n’entraînent une dégradation durable des services publics et ne mettent en péril les projets d’investissement nécessaires à la vitalité de leurs territoires.
Les rassemblements de ce jeudi témoignent de l’ampleur de la mobilisation des élus locaux, qui exigent que l’État revoie ses ambitions à la baisse en matière d’économies sur les dotations aux collectivités.
La bataille qui s’engage pourrait bien redessiner les relations entre l’État et les territoires. Pour les élus, il est essentiel que l’État prenne en compte les particularités locales et cesse de faire peser le poids de sa dette sur des communes qui, pour la plupart, n’ont jamais connu de déficits dans leurs propres comptes.
En attendant un potentiel revirement du gouvernement, les maires de Haute-Garonne et d’ailleurs promettent de ne pas lâcher prise. Ils ont déjà annoncé d’autres mobilisations à venir, espérant rallier à leur cause non seulement les élus, mais aussi les habitants de leurs communes.
Pour les élus locaux, l’enjeu est de taille : défendre l’avenir de leurs territoires face à des décisions qu’ils jugent déconnectées de la réalité des communes.