Afghanistan : trois ans sous les Talibans, la liberté assassinée
Le pays s'enfonce dans une répression brutale, où les droits des femmes et les libertés fondamentales sont systématiquement annihilés par les Talibans, ces "fous de Dieu".
Le 15 août 2021, Kaboul tombait aux mains des Talibans. Cet événement marquait la fin de vingt ans d'intervention occidentale et le retour au pouvoir de ces fondamentalistes islamistes en Afghanistan. À l’époque, des voix, tant dans les médias que parmi les responsables politiques, tentaient de modérer l’appréhension générale. Certains suggéraient que les Talibans avaient “changé”, “évolué”, qu'ils étaient prêts à adopter une position moins radicale, voire pragmatique.
Cette indulgence, teintée de naïveté, est aujourd'hui totalement désavouée par la terrible réalité des faits.
Les promesses de modération, un leurre gobé par les Occidentaux !
Trois ans plus tard, le bilan est accablant. Dès leur prise de contrôle, les nouveaux maîtres de Kaboul ont imposé une série de mesures répressives extrêmes, plongeant l’Afghanistan dans un état religieux totalitaire.
Sous prétexte d’appliquer la charia, ils ont remodelé la société selon une vision violente de l’islam.
Les exemples sont nombreux : réintroduction de l’obligation pour les femmes de se déplacer avec un “mahram” (accompagnateur mâle), port obligatoire de la burqa, interdiction de la musique en public, ségrégation stricte des sexes dans la plupart des lieux publics…
Mais cela ne s'arrête pas là. Les Talibans semblent chaque jour inventer de nouvelles façons d’écraser les libertés.
En juillet dernier, un texte de 87 pages et 35 articles, sous couvert de “promotion de la vertu et prévention du vice”, a été promulgué. Il impose des restrictions d’une brutalité inouïe, tout particulièrement à l’égard des femmes.
Ces dernières, déjà exclues de tout niveau d’éducation au-delà de l'école primaire, sont désormais contraintes au silence. Leur voix ne doit plus être entendue hors de leur domicile. Une décision qui résonne comme l’aboutissement d’une politique de négation totale de leur existence dans l’espace public.
L’effacement des femmes et la régression des droits
Alors que l’Afghanistan avait connu des avancées progressives dans les droits des femmes au cours des deux dernières décennies, celles-ci se voient désormais effacées du paysage social.
L'obligation d'être accompagnées par un mahram pour voyager, de se couvrir entièrement, et l’interdiction de chanter ou d’élever la voix en public symbolisent une régression totale de leur statut.
Le but des Talibans ? Réduire les femmes à des ombres invisibles dans une société patriarcale extrême.
Les interdits s'accumulent : les femmes doivent désormais porter le voile intégral non seulement devant les hommes, mais aussi devant les femmes non musulmanes, créant ainsi une barrière complète autour d'elles.
En parallèle, les hommes aussi sont soumis à des règles draconiennes, comme le port obligatoire de la barbe, ou l’interdiction de pratiques jugées “non conformes” à l’islam tel que redéfini par les Talibans.
C’est une société de la peur et de la surveillance permanente qui se met en place, où chacun est surveillé et contraint à se conformer à des normes extrêmes.
Les Talibans : un régime autoritaire sous couvert de religion
Sous le prétexte de l’application de la charia, les Talibans ont instauré un régime autoritaire où toute forme de dissidence est réprimée. L’interdiction de l’adultère, de l’homosexualité, ou encore de la sodomie (même entre époux) est assortie de sanctions sévères.
La répression s’étend également aux relations sociales : toute amitié ou assistance envers des non-musulmans est prohibée.
Cette exclusion des “autres”, y compris au sein de la propre communauté religieuse afghane, marque la volonté du régime d'imposer une orthodoxie islamique extrême.
Des règles qui s’accompagnent d’une surveillance constante. Les médias, déjà sous contrôle strict, sont interdits de toute publication qui pourrait être perçue comme une moquerie ou une humiliation à l’encontre des musulmans. L’usage des téléphones, la prise de photos ou de vidéos d'êtres vivants est également proscrite.
Les Talibans ont transformé l'Afghanistan en une société où la moindre parcelle de vie est régulée, modelée par la peur et la répression.
Un avenir de plus en plus sombre pour l’Afghanistan
Loin d’avoir évolué, les Talibans ont accentué leur emprise répressive sur l’Afghanistan, allant toujours plus loin dans la radicalité. Chaque nouvelle loi, chaque nouveau décret semble n’être qu’une étape supplémentaire dans une spirale de régression.
La population afghane, en particulier les femmes et les minorités, vit sous la menace constante d’une violence morale et physique.
Sous le poids d’un régime qui ne tolère ni diversité, ni dissidence, l’espoir d’un Afghanistan où la liberté et les droits fondamentaux seraient respectés n’est plus d’actualité.
L’indulgence initiale de certains observateurs internationaux, qui avaient imaginé un assouplissement du régime taliban, semble bien aujourd’hui profondément déplacée.
Les Talibans n’ont pas changé. Ou plutôt si : ils ont changé en pire. Ils sont devenus non seulement des “fous de Dieu”, mais aussi les architectes d’un cauchemar où la liberté, sous toutes ses formes, est devenue un luxe interdit.
Ainsi, trois ans après leur retour au pouvoir, les Talibans ont prouvé qu’ils étaient les ennemis jurés de toute forme de modernité, de droits humains et de dignité.
L’Afghanistan s’enfonce dans l’obscurantisme, et la communauté internationale, trop souvent silencieuse, reste incapable de répondre à cette tragédie humaine.
A voir absolument : “Sous la loi des talibans / ARTE
(Photos : capture écran vidéo ARTE)