A69 : Darmanin interdit la manif, les gendarmes en route
Mardi après-midi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé avoir demandé au préfet du Tarn d'interdire la manifestation prévue ce week-end, organisée par le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre. Cette mobilisation vise à protester contre le chantier controversé de l'autoroute A69 reliant Toulouse à Castres.
Suite à cette annonce, j’ai pu constater au même moment, que les forces de l'ordre étaient déjà en route, comme en témoignent les nombreux véhicules de gendarmerie que j'ai croisés sur la RN 126.
Les motards de la gendarmerie escortant ce convoi se montraient particulièrement nerveux, exigeant des automobilistes qu'ils accélèrent et ignorent les limitations de vitesse. Comme je ne devais pas aller assez vite selon eux, j'ai dû me ranger sur le côté pour laisser passer le convoi, observant la tension manifeste des gendarmes.
Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Gérald Darmanin a justifié cette interdiction en prévenant que la manifestation, prévue de vendredi à dimanche, risquait d'être “extrêmement violente” avec “600 black blocs (?)… qui veulent en découdre avec les forces de l'ordre, s'en prendre aux biens, attaquer des personnes”. Il a précisé que douze unités de forces mobiles, soit près de 800 agents, appuyées par des forces locales, seront mobilisées pour assurer la sécurité. Des contrôles ont déjà commencé, menant à la saisie d'armes blanches, de marteaux et de haches dans certains véhicules, toujours selon le ministre de l’Intérieur.
Le projet de construction de cette autoroute de 53 km, reliant Castres à Toulouse, suscite une vive opposition à tous les niveaux : local, régional, et national. Même au sein du parti socialiste, les avis divergent fortement. Carole Delga, présidente de la région Occitanie, soutient fermement le projet, tandis que Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste aux européennes de dimanche prochain, le critique sévèrement, le qualifiant de “projet d'une autre époque”. Carole Delga étant un soutien sans faille de la tête de liste socialiste…
Alors que le week-end s'annonce tendu, la décision du ministre d'interdire la manifestation et le déploiement massif des forces de l'ordre mettent en lumière l'ampleur des craintes suscitées par cette mobilisation écologiste.
La controverse autour du chantier de l'A69 illustre les débats passionnés sur l'avenir des infrastructures et la préservation de l'environnement qui divisent politiques et citoyens.
N’oublions pas que, l'interdiction systématique des manifestations pour préserver l'environnement, sous prétexte d’éventuelles violences, soulève des inquiétudes quant à la santé de notre démocratie.
En effet, la liberté de manifester est un droit fondamental qui permet aux citoyens de faire entendre leur voix et de participer à la vie démocratique. En restreignant ce droit, nous risquons de créer un climat de méfiance et de frustration qui pourrait finalement conduire à une escalade de la violence.
L’impératif aujourd’hui est de trouver un équilibre entre la sécurité publique et la liberté de manifester.
Ce qui ne semble pas être le cas actuellement…
(Photo © Paul Tian)