À pas de géant : comment la marche stimule l'esprit créatif
“Un enfant de cinq ans peut le comprendre, mais un octogénaire ne peut pas le faire." Ce proverbe zen énigmatique porte sur la pleine conscience, la capacité à être absorbé dans le moment, affranchi des habitudes mentales routinières. Dans les traditions méditatives orientales, cette conscience s'atteint aussi bien en marchant qu'en restant assis, une pratique privilégiée par de nombreux poètes et enseignants.
L'Occident, avec son école de philosophie ancienne, les "péripatéticiens", a également embrassé cette philosophie du mouvement. Aristote et ses contemporains préféraient faire leur meilleur travail en mouvement tranquille. Friedrich Nietzsche, fervent marcheur, affirmait que "toutes les pensées vraiment grandes sont conçues en marchant".
La marche, selon Frédéric Gros dans son ouvrage "A Philosophy of Walking", n'est pas un sport, mais plutôt "le meilleur moyen d'aller plus lentement que toute autre méthode qui ait jamais été trouvée."
Frédéric Gros explore l'importance de la marche dans la vie de penseurs tels que Nietzsche, Rimbaud, Kant, Rousseau et Thoreau. De même, Rebecca Solnit met en lumière les marches essentielles de figures littéraires comme Wordsworth, Austen et Snyder dans son livre "Wanderlust", plaidant pour la nécessité de marcher à notre époque, où cela semble presque inutile la plupart du temps. Les grands marcheurs, passés et présents, établissent ainsi un lien significatif entre la marche et la pensée créative.
Dans un article du New Yorker, Ferris Jabr explore le lien entre le mouvement corporel et la pensée, affirmant que "la façon dont nous bougeons notre corps change également la nature de nos pensées, et vice versa."
Des chercheurs de Stanford, Marily Oppezzo et Daniel Schwartz, ont mené des expériences sur près de deux cents étudiants, montrant une nette amélioration des capacités créatives pendant la marche. Ferris Jabr décrit poétiquement la marche comme une façon de "lâcher l'esprit sur une mer bouillonnante de pensées."
Marily Oppezzo et Daniel Schwartz spéculent sur un chemin complexe reliant la marche physique, les changements physiologiques et le contrôle cognitif de l'imagination. Ils soulignent l'importance du moment et du lieu de la marche, une notion également explorée par des chercheurs de l'Université du Michigan dans leur étude sur les avantages cognitifs de l'interaction avec la nature. Marcher dans un arboretum s'est avéré plus bénéfique pour la mémoire que marcher dans les rues de la ville.
En évoquant des écrivains tels que James Joyce et Walter Benjamin, dont les œuvres sont intrinsèquement liées à la marche, le texte souligne la constante reconnaissance des marcheurs classiques, romantiques et modernistes quant à l'importance créative de ce simple mouvement dans le temps et l'espace. Faire une promenade, confirme la recherche contemporaine, peut être l'un des moyens les plus salutaires d'atteindre des états d'illumination, littéraires, philosophiques ou autres, que ce soit à travers d'anciennes forêts, sur les Alpes, ou simplement jusqu'au coin du magasin.
En tant que fervent adepte des marches quotidiennes, je ne peux que confirmer que bien souvent, c'est dans chaque pas que je découvre une nouvelle idée créative D’ailleurs, comme vous le savez, si vous avez lu mon précédent article, je vais de ce pas faire quelques pas pour tenter de débloquer ma créativité…