9 novembre 1989 : je me souviens de la chute du mur de Berlin
Hier, l’Allemagne célébrait le 35e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Les festivités, placées sous le thème "Préserver la liberté", résonnent alors que la démocratie recule dans le Monde.
{Mauerspringer (Le sauteur de mur) par Gabriel Heimler (photo © Paul Tian)}
Le 9 novembre 1989, les téléspectateurs assistaient, stupéfaits, à la retransmission en direct de la spectaculaire chute du mur de Berlin. Pour toute une génération, ces moments sont restés gravés comme la fin d'une époque mais surtout comme le début d'une nouvelle ère de l'information en live.
Voici ci-après ma chronique publiée sur le site Le Plus du Nouvel’Obs, le 9 novembre 2012, où je me souvenais des émotions de ce jour historique, en voyant tomber le mur de la honte.
Il y a tout juste {23 ans}, nous découvrions, stupéfaits, en direct, sur nos écrans de télévision, ce mur de Berlin, la honte de l’Europe, tomber, pierre après pierre par des milliers de mains anonymes qui ne se rendaient peut-être pas tout à fait compte, que l’une des grandes pages de l’Histoire contemporaine était en train de s'écrire.
Cette nuit du 9 au 10 novembre 1989, j’aurais pu la vivre en direct, à Berlin. Je venais de passer deux semaines chez des amis berlinois, dans un appartement collectif de Kreuzberg, et pour des raisons familiales, j’avais été obligé d’avancer mon retour en France…
Un "live" télévisé tellement inattendu
Je me suis contenté du poste de télévision de mes voisines à Chartres, pour vivre cet événement planétaire où les larmes de joie, le vin, les embrassades et les éclats de rire nous portèrent tout au long de cette longue et belle nuit d'automne.
C’était la première fois que nous vivions de la sorte un événement en direct à la télévision. Nous avions l’impression d’être avec nos amis berlinois en train de taper à coups de marteau ou de piolet sur ce mur de la honte pour rendre la liberté à ceux qui vivaient de l’autre côté de ces pierres qui, étonnamment, étaient si faciles à détruire.
Cette télévision en live nous étonnait. Nous ne savions pas encore qu’elle ferait désormais partie intégralement de notre mode de vie…
Un mois plus tard, nous passerons la nuit de Noël à suivre en direct la mort de Nicolas Ceaucescu, au cours de la si soudaine révolution Roumaine.
Un évènement presque oublié, et pourtant si symbolique
En l’espace de deux décennies, cette chute du mur de Berlin ne semble plus marquer les esprits et les médias n’y consacrent même pas quelques lignes… comme s’il n’y avait pas eu un avant et un "après mur de Berlin".
Une chute d’un mur qui provoqua l’effondrement du communisme et la fin du partage du monde entre deux blocs…
Ceux qui ont vécu, comme moi, cette chute du Mur de Berlin, en direct, se souviennent certainement de cette certitude qui nous avait envahi, cette nuit-là et de cet espoir de ne plus jamais voir des populations séparées par un tel mur…
Si dans la nuit du 9 au 10 novembre, le mur de Berlin est tombé, 28 ans après sa construction, d’autres murs se sont érigés à travers la planète. On ne parle plus de "murs de la honte", mais ils le sont pourtant, qu’ils soient édifiés entre le Mexique et les Etats-Unis, en Israël autour des territoires Palestiniens, ou entre les deux Corée !
Deux semaines après cet évènement, je recevais un colis de mes amis Berlinois, avec à l'intérieur un morceau de ce "mur de la honte"... Et l'année suivante, avec une amie journaliste, nous réaliserons un retour Berlin-Versailles, dans une mythique Trabant !
Texte © Paul Tian
{Le Baiser fraternel entre Brejnev et Honecker de Dimitri Vrubel, East Side Gallery à Berlin (Photo © Paul Tian)}