82e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv' : un devoir de mémoire face à la montée de l'antisémitisme"
Ou comment la collaboration de l'État français avec les nazis a conduit à l'une des pages les plus sombres de l'Histoire
Ces 16 et 17 juillet marquent le 82e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv', un événement tragique de l'histoire française qui demeure un symbole poignant des horreurs de la Shoah. Au cours de ces deux jours, plus de 13 000 personnes, dont un tiers d'enfants, furent arrachées de leurs foyers à Paris et en banlieue, avant d'être regroupées au Vélodrome d'Hiver, situé dans le 15e arrondissement, puis déportées vers les camps d'extermination nazis. Moins d'une centaine d'entre elles reviendront.
Une opération de grande envergure
Cette rafle, la plus vaste opération d'arrestation de Juifs en France, fut orchestrée par les autorités françaises en collaboration avec l'occupant nazi. Les 16 et 17 juillet, des milliers de policiers et de gendarmes français exécutèrent les ordres, arrêtant 8 160 personnes pour être conduites au Vel' d'Hiv'. Parmi elles, se trouvaient 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes, y compris des vieillards et des malades.
Conditions inhumaines au Vel' d'Hiv'
Entassés dans des autobus, les prisonniers furent transportés au Vel' d'Hiv', un lieu normalement destiné aux compétitions cyclistes, situé sur le quai de Grenelle. Joseph Weismann, l'un des rares enfants à avoir survécu, a décrit les conditions de détention comme épouvantables :
“sans boire, sans manger, avec des toilettes inutilisables, dans une chaleur étouffante”.
Ceux qui tentèrent de s'évader furent abattus, d'autres se suicidèrent ou moururent de déshydratation et de privations.
Déportation et extermination
Le 22 juillet, les prisonniers furent évacués vers les camps de Drancy en Seine-Saint-Denis, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, avant d'être déportés vers Auschwitz. La majorité des détenus périrent dans les camps de la mort.
Selon l'historien Laurent Joly, “Jamais Vichy et son administration n'auront sacrifié autant de Juifs français – prétendument protégés par le maréchal Pétain – qu'en juillet 1942”.
Les enfants déportés ne survécurent pas à cet enfer.
La reconnaissance tardive de la responsabilité Française
Longtemps, la responsabilité de la France dans cette rafle fut un sujet tabou. Ni le général De Gaulle, ni ses successeurs n'ont accepté de reconnaître officiellement le rôle des autorités françaises de l'époque. Ce n'est qu'en 1993 que le président François Mitterrand instaura une journée nationale de commémoration des persécutions racistes et antisémites commises sous l'égide du gouvernement de Vichy.
Il fallu attendre 1995 et le président Jacques Chirac pour que une reconnaissance officielle :
“La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable.”
En 2012, François Hollande réaffirma cette responsabilité en déclarant :
“La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France”.
En 2017, Emmanuel Macron continua cette reconnaissance en affirmant :
“C'est bien la France qui organisa la rafle”
Devoir de mémoire
À l'occasion de ce 82e anniversaire, il est crucial de se souvenir et de rendre hommage aux victimes de la rafle du Vel' d'Hiv', à un moment où l’antisémitisme n'a jamais, depuis des décennies, autant pollué le climat politique en France, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas.
Ce devoir de mémoire est fondamental pour ne jamais oublier les atrocités commises et pour garantir que de telles horreurs ne se reproduisent jamais.
Nous ne devons jamais oublier les conséquences dévastatrices de la haine et de l'intolérance à un moment où, notamment en Europe, les mouvements populistes, nationalistes ou d'extrême droite n'en finissent plus d'engranger les succès. Ces mouvements sont fondamentalement racistes, xénophobes et antisémites, et il est essentiel de rester vigilant face à ces idéologies dévastatrices.
Ne jamais oublier !
(Photo capture écran France 24)
Plaque commémorative de la rafle du Vél d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, durant laquelle près de 8.000 Juifs, des enfants, des femmes et des hommes furent déportés dans le camp d'extermination nazi à Auschwitz. (Photo © commons/wikimedia)