17 octobre 1961 : il y a 63 ans, le massacre d'Algériens à Paris
A six mois de la fin de la Guerre d'Algérie, une manifestation pacifique de “Français musulmans d’Algérie” (FMA) a été violemment réprimée à Paris par la police française.
(Photo : capture écran YouTube)
Le 17 octobre 1961, à Paris, une manifestation pacifique de "Français musulmans d’Algérie" (FMA) contre un couvre-feu imposé par le préfet de police Maurice Papon fut violemment réprimée par les forces de l'ordre, faisant des centaines de victimes.
Cette répression — passages à tabac, exécutions et noyades dans la Seine —se poursuivit dans les jours suivants.
Ce drame du 17 octobre 1961, initialement étouffé par les politiques et les forces de l'ordre, puis censuré dans les médias et occulté, est considéré par les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster comme la plus violente répression d'État contemporaine jamais appliquée à une manifestation de rue en Europe occidentale.
La France refuse toujours de reconnaître un crime d’Etat. Ce jeudi, plusieurs rassemblements sont prévus en France (voir ci-après) dont trois en Occitanie : à Toulouse, Béziers et Montpellier.
Voici ci-après le texte de l’appel du collectif “17 octobre 61” :
Appel du Collectif “17 octobre 61”
Il y a soixante-trois ans la police française aux ordres du préfet Papon et des ministres Frey et Debré, a tué des centaines d’algériennes et d’algériens qui manifestaient pacifiquement, et blessé des milliers d’autres, à Paris le 17 octobre 1961 contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par un décret du même Papon.
Ce jour-là, cinq mois avant les accords d’Évian, la fédération française du FLN algérien a organisé, une manifestation pacifique pour réclamer la levée de ce couvre-feu, l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Cette manifestation où se mêlaient femmes, hommes et enfants, fut très violemment réprimée par les forces de police de la préfecture de police de Paris. Aujourd’hui le bilan de ce massacre n’est plus contestable : des victimes de violences par milliers, des disparitions et des morts par centaines.
Nous demandons à l’État Français de reconnaître clairement que ces faits constituent « un crime d’État ».
Nous demandons cette reconnaissance pour que puisse enfin se construire une mémoire collective débarrassée des discriminations mémorielles et d’un passé colonial chargé de ses multiples inégalités.
Nous demandons un accès libre aux archives, effectif pour toutes et tous, historiennes et historiens, citoyennes et citoyens, la possibilité pour les chercheuses et chercheurs de travailler.
Nous demandons aussi la création de condition de transmission historique et mémorielle par la mise en œuvre d’un musée d’histoire du colonialisme.
Enfin, dès lors que les élèves étudient le XXe siècle, nous demandons des programmes scolaires intégrant l’histoire coloniale et celle de ces événements à des fins de transmission vis-à-vis des plus jeunes.
Nous appelons les citoyennes et les citoyens, ainsi que l’ensemble des organisations progressistes, politiques, syndicales et associatives à se joindre au rassemblement organisé chaque année par notre Collectif sur le Pont Saint Michel le 17 octobre 2024 à 18h, et à toutes celles organisées en régions, afin de rendre hommage à la mémoire de tou.te.s les Algérien-ne-s qui ont été victimes des violences racistes et colonialistes de l’État français !
Liste des rassemblements prévus :
Paris : 18 h, Pont Saint-Michel ; Asnières : 11h, Place Marguerite Durand ; Argenteuil : 18 h, Pont d’Argenteuil ; Bezons : 18h, Pont de Bezons ; Colombes : 18h, Pont de Bezons, côté Parc Lagravère ; Clichy-la-Garenne : 19 h, Pont de Clichy; Gennevilliers : 18h, Rond-point du 17 octobre 1961 ; Nanterre : 18 h, 186, Fréderic et Irène Joliot-Curie, face à la préfecture ; Stains : 18 h 30, place Aimé Césaire ; Marseille : 18 h, Vieux Port ; Grenoble : 18 h, Place Edmond Arnaud ; Nîmes : 18h, Palais de Justice ; Strasbourg : 18 h, Pont du Corbeau ; Toulouse : 18 h 30, parvis de la gare de Matabiau ; Montpellier : 18 h 30, Pont Zuccarelli ; Besançon : 17 h 30, Pont Battant ; Lille : 15 h, Place de la République ; Béziers : 15 h, Pont Vieux ; Villeurbanne : 18h h, parc des Droits de l’Homme - Entrée située au 56, rue du 1er-mars-1943 ; Saint-Lô : 18 h, au square du 11-Septembre-2001, près de la chapelle de la Madeleine ; Valence : 17 h, place Porte Neuve ; Paris : 16 octobre, 19h00 - 21h30. Hommage à Jean-Luc Einaudi au Centre Culturel Algérien, 171 rue de la Croix-Nivert, 75015 - Projection du film de Daniel Kupferstein, “Dissimulation d’un massacre”.
Avec Fabrice Riceputi, Patrick Karl, Daniel Kupferstein, Chérif Cherfi.Et à Tulle, Alforville, Givors, Saint-Étienne, Chambéry, Saint-Lô, Saint-Denis, Ivry, Perpignan, Rennes, Bordeaux, Aix-en-Provence et Valence.